vendredi 26 novembre 2010

Touchée

Signes de mains à travers la vitre du métro. Deux grands sourires qui articulent "merci". Quatre yeux qui pétillent. Avec les miens cela fait six. Je leur renvoie un signe de la main.
Un merci chaleureux, sincère et émouvant. Énormément de bonheur pour un geste très simple, c'est toujours ce qui me donne envie de recommencer.
Démesure de la reconnaissance pour une place dans le métro.

mercredi 24 novembre 2010

Annonciation

Lire un bon roman, c'est toujours un plaisir.
Lire un bon auteur, c'est encore plus de plaisir.
Quand l'auteur est drôle, et drôlement philosophe, c'est du bonheur pur.

Alors quand, devant moi, dans le métro, une jeune femme noire portait à l'épaule un "sac-à-citation", baladant ainsi une citation de cet auteur que je lis, j'ai ris. C'était tout ce qui pouvait arriver.
La citation est belle, vraie, et tombe parfaitement au bon moment. Une évidence.
Mais quand une évidence est énoncée d'une belle façon par quelqu'un de bien, alors elle devient un dicton.
Quand un auteur écrit régulièrement de cette façon, sans chichi, sans trop de fioritures, parfois crûment, mais toujours vrai, on peut appeler un tel homme un philosophe.
J'ai eu l'impression en rencontrant cette femme de faire une rencontre littéraire. Mais ce n'était pas le cas. Cet auteur est un homme plein de surprise, même quand on croit sortir de ses livres.
La vraie surprise, elle est arrivée plus tard dans la journée. Page 157 de mon livre.
Elle était là, pour la deuxième fois de la journée. Le contexte, effectivement, n'a pas l'importance de cette phrase qui se détache de tout le reste, qui résonne pour la deuxième fois dans ma tête, avec, cette fois, un écho infini.
J'ai relevé la tête pour voir la jeune femme et son sac. Oubliant que la première scène avait eu lieu au début de la journée, alors que j'étais là sur le chemin du retour...
Elle avait seulement été comme une annonciatrice de ce que j'allais lire et ne plus oublier.

"Le temps va plus quand les gens veulent l'arrêter"
- Dany Laferrière

vendredi 19 novembre 2010

Sage

Les gens sont trop sages ici.
Dans la rue ou dans les transports en commun.
Des hommes, des femmes, des enfants, tout ce qu'il y a de plus normal.

Ils écoutent leur musique, lisent le journal ou un livre...
Une tasse thermos dans les mains, pour le plaisir de boire quelque chose de chaud, ajouté à celui d'être écolo!

Personne ne se bouscule. C'est d'ailleurs ce qui choque la plupart des européens: la ligne ordonnée devant le bus, au bout de laquelle chaque nouvelle personne qui arrive se place. Même quand le bus, ou le métro, fait un arrêt brutal, les gens se confondent en excuses de s'être cognés les uns aux autres. Les métros bondés laissent d'ailleurs la place de lire le journal... et de tomber (et de se faire d'énormes bleus grâce à cela -- le métro parisien a l'avantage d'empêcher toute chute une fois qu'il est vraiment bondé)

Les gens sont TROP civilisés!
Jusqu'aux mecs qui ont typiquement une tête de dragueur, qui à Paris abordent lourdement et sans originalité, qui abordent ici avec délicatesse, ou qui n'osent même pas aborder, qui regardent parfois seulement timidement...


Même les fous sont sages... fous dans leur coin, sans déranger les autres.

vendredi 12 novembre 2010

Exptdr

Quand ils rient, c'est une explosion.
On a beau avoir des écouteurs, être concentrés sur nos travaux ou nos lectures, vouloir vraiment ne faire semblant de rien, ce rire groupé vibre dans tout notre corps, résonne en nous et sur tous les meubles. On peut donc vibrer de rire. C'est la résonance du rire, l'harmonie des Hommes.
On dit qu'une puissante soprano pourrait faire éclater du cristal, si elle entrait en résonance avec. Je pense que les chances sont plus probables que l'humain entre en résonance avec le rire d'autres humains.
La preuve: nous avons tous explosé de rire.
Enfin, d'abord, nous nous sommes regardés. Nous, les autres, qui ne savons pas pourquoi ceux-là rient. Mais à force de nous regarder, étonnés, mais touchés droit au coeur, nous avons ri aussi. Nous sommes entrés en résonance, et notre coeur a explosé.
Le café entier est pris d'un fou rire, plus ou moins intense selon la proximité avec l'épicentre: moi qui suis juste à côté d'eux, j'en ai les larmes aux yeux.
Et notre rire les fait rire. Comme s'ils réalisaient à l'instant que tout le monde les a entendus, mais conservant le privilège de savoir pourquoi ils ont ri au départ, de savoir ce qui a déclenché le tsunami abdominal de la salle.
Bien sûr, nous avons d'abord tous pensé que nous voudrions travailler en paix, qu'ils sont bruyants, quand même. Mais nous avons alors pensé à la bibliothèque à 60 mètres d'ici. La bibliothèque et son silence de plomb. Ce silence qui nous fait lever la tête à chaque pas qui s'approche, l'entendant comme une intrusion dans notre esprit trop au calme. Non, nous savons que nous sommes venus travailler au café parce que nous aimons ce bruit de font de conversations et de musiques en tous genre à la radio.
Alors, nous ne pouvons nous en empêcher, nous gardons une oreille tendue, à l'affût, souriant encore chaque fois qu'un autre rire clair et franc éclate.
Ce doit être un des plus beaux bruits au monde...

mardi 26 octobre 2010

Quand la bise fût venue...

Le vent s'est mis à souffler.
Hier, déjà, la pluie était glaciale. Le vent piquait le front.
Mais il faisait gris, et l'on pouvait mettre ce froid sur le compte de la grisaille.
Mais ils nous avaient prévenus: après la pluie, le froid! Et ils ne nous ont pas trompés... Il fait un temps radieux aujourd'hui; ciel bleu dans lequel les nuages se font petits et rares. Par la fenêtre, le beau temps donne envie de sortir. Mais il faut voir les arbres qui se balancent comme un avertissement...
Car dehors c'est autre chose. Le vent qui fait balancer les arbres est glacial. Les joues fouettées par cette bise traître, je resserre mon manteau.
Ce n'est pas ce vent frais et très humide que j'ai connu pendant trois ans. Mon front et toute la peau de mon visage, mes lèvres surtout, semblent crier que c'est sec, que c'est froid, et que ça n'est que le début.
J'ai chaud sous mon manteau. Agréablement chaud.
Mais bientôt j'aurai besoin d'un manteau plus chaud.


Il est temps de penser à sortir la tuque.


... Et d'arrêter d'oublier ce stick à lèvres chaque fois que je change de sac.

dimanche 26 septembre 2010

Homme après repas

Cet homme me fait étonnement penser à ceux d'une autre génération.
La génération d'aujourd'hui court après le temps: en manque tout le temps de ce temps, tant et si bien qu'elle tend à tenter l'impossible pour gagner un peu de temps...
Mais il y a une génération d'épicurien, pour qui prendre le temps est impor-tant de prendre un temps après le repas, pour digérer, lire le journal, fumer une pipe ou un cigare et piquer un roupillon.
Lui, il a eu l'amabilité de faire la vaisselle en causant tranquillement. M'expliquant notamment pourquoi il aurait besoin d'être parti à 14h30.
Puis il a pris confortablement place sur le canapé, a attrapé le journal d'hier qui traînait là. Il a lu quelques minutes et ses yeux ont commencé à se fermer. Alors il a laissé tomber sa main tenant le journal, il a rapproché l'autre de sa joue, comme pour caler sa tête, et il a commencé à respirer plus lentement.
Il s'est réveillé pour regarder l'heure. Il m'a souri et a reposé sa tête, en fermant les yeux, malgré le temps qui avait filé.
S'il y a bien un homme aujourd'hui qui ne court pas après le temps, c'est lui. J'aurais même tendance à penser qu'il croit que c'est le temps qui lui court après.


jeudi 9 septembre 2010

Le Manque

L'ambiance dans la salle était digne d'une cafétéria : des groupes qui se connaissent, ça papote, ça se retrouve après un été sans se voir. Tu rentres là dedans en te demandant si tu es dans la bonne salle...
Le prof arrive, il semble connaitre tout le monde et fait l'appel sans même regarder ceux qu'il nomme, sauf pour les rares noms nouveaux. Tu te sens étrangement anonyme.
Tu ouvres ton bloc-note, tu sors ta trousse. Tu souris. Tu vas prendre le seul stylo qui est vraiment à elle, même si tu n'aimes pas écrire avec, juste parce que c'est Elle!
Tu lis sur le haut de ton bloc-note un reste de l'an dernier : "Congrès international des problèmes de craie chez les enseignants". En relevant la tête, tu t'aperçois que ce Congrès n'aura jamais lieu ici : le prof a facilement 50 ans mais a sorti un beau Macbook et un projecteur. Il n'y aura pas de craie. De toutes façons, ce ne sont que des tableaux blancs dans la salle.
Tu sens une vague de nostalgie t'envahir. Où sont passés les tableaux noirs d'antan?
Enfin, la présentation du cours te laisse le sentiment d'avoir été parachutée dans un océan chaud et agité (parce que ce groupe est loin d'être calme, même s'il n'est pas désagréable), et que tu dois essayer de simplement garder la tête hors de l'eau jusqu'à la fin du cours, sinon tu n'auras pas envie de revenir!
Tout se déroule bien, même si tu n'es pas sûre de tout comprendre. Ceci jusqu'à ce que l'enseignant annonce que les deux travaux pratiques qui compteront pour 65% de la note doivent se faire en équipe.
C'est là que tu sens une vague de répulsion t'envahir. Une angoisse atroce. Pas un travail en équipe! Par pitié! Tu n'oses même pas tourner la tête vers la voisine avec qui tu as discuté au début, tu ne veux pas qu'elle se jette sur toi. Tu reste bloquée sur cette pensée : comment faire un travail d'équipe avec quelqu'un d'autre qu'Elle?
À la pause, ta voisine te glisse insidieusement "pour le travail à deux, on se met ensemble, hein?". Et toi, puisque tu n'as pas encore lié conversation avec qui que ce soit d'autre... Tu dis "pourquoi pas". Tu le regrettes presque aussitôt, mais tu ne savais pas comment dire non.
Au retour de la pause, tu ne tiens plus. Elle te manque, tu savais que tu aurais du mal à apprécier autant les cours sans Elle. Maintenant tu as la certitude que ça va être vraiment pénible.


"Qu'est-ce qui te manque le plus? La pluie ou le ciel gris?"
Réponse : vu le temps des 5 derniers jours, aucun des deux! Mais peut-être le gris de la craie sur le dos de certains enseignants, et ton thé chaï avec une goutte de lait qui embaumait la classe de Lexico.

dimanche 29 août 2010

Un bus un soir.

Il a la braguette ouverte.
C'est la première chose qui saute aux yeux. Évidemment, je suis assise en face de lui. J'hésite, bien sûr, entre le lui signaler ou non!
Non.
Ce gras monsieur tombe de sommeil et cela lui fait une tête particulièrement ahurie! Penchée sur son épaule droit, il lutte pour rouvrir les yeux toutes les deux secondes. On dirait qu'il va tomber sur sa voisine, une jolie jeune femme, chaque fois que le bus freine. C'est à se demander s'il ne fait pas semblant de s'endormir tellement c'est exagéré.
À côté de lui, son contraire, un maigre échalas, drogué au RedBull.
Il a les yeux grands ouverts (comme s'il avait l'air perpétuellement étonné). Je le soupçonne tout de même d'être sous l'effet de quelque chose d'un peu plus corsé que cette cannette qu'il tient à la main.
Enfin, lui aussi, à sa façon, lutte contre le sommeil!
Monsieur-qui-dort veut sonner l'arrêt, et pour ne pas oublier, je suppose, dort donc désormais avec la main levée vers le fil de sonnette. Excellent. Nous avons un macaque à l'allure perverse dans le bus. Sauf que j'ai d'autant plus peur pour sa voisine, à cause de son bras en équilibre au dessus de son épaule...

lundi 9 août 2010

personne-elle

Elle ne la connait pas.
Non, elle ne l'a jamais vue, elle ne sait pas à quoi elle ressemble.
Pourtant, elle a rêvé d'elle.
Elle était belle. Elle se doit de l'être puisqu'il l'aime.
C'était une grande fête, et elle ne pouvait faire autrement que d'être joyeuse, puisque tout le monde l'était.
Puisqu'ils s'aiment, elle doit être heureuse pour eux.
Mais quand il lui a demandé si elle allait bien avec ce sourire de bonheur profond sur son visage...
Ce murmure fort et puissant, ce cri étouffé venant du coeur: Non, ça ne va pas!
C'est impérieux, ça sourde en elle depuis des jours, mais elle refusait de l'entendre.
Maintenant cela résonne, comme un écho infini, une plainte qui rythme ses pensées.
On dit que cela passe, et cela passera.
Mais dans combien de temps?


jeudi 5 août 2010

ma première laveuse

On dira ce qu'on voudra, mais c'est une sacrée décision ce genre d'achat...
D'abord, on cherche où l'on ira l'acheter. Où sont les meilleurs prix. On demande conseil, on jette un œil aux offres d'occasions. Mais non, on veut du neuf. Ça, au moins, c'est décidé. On a trouvé le magasin qui offre de bonnes occasions : machines neuves qui ont une éraflure ou en fin de stock. Alors un matin on prend sa carte de crédit à deux mains (et son courage accessoirement), et on va au magasin.
On se dit que c'est surtout pour se renseigner. On le précise d'ailleurs au monsieur qui, avec beaucoup de professionnalisme, répondra à toutes les questions qu'on posera (après que l'on ait précisé qu'on n'y connait pas grand-chose) et orientera l'éventail de choix en fonction de nos désirs.
Le téléphone du magasin sonne régulièrement, permettant à ma personne de réfléchir silencieusement, et d'angoisser un peu, il faut le dire...
Pensons-y. Même avec 25 % de rabais, une laveuse (frontale, à l'européenne, cela va de soi) coûte au plus bas 650 $ (ajoutons les taxes!). C'est le prix d'un ordinateur correct aujourd'hui (je sais, j'en ai acheté un ce prix-là il y a 3 jours pour une amie!). C'est aussi le prix d'un billet pas cher pour la France.
Mais les conseils du vendeur, en fonction de la consommation, de la garantie, du bruit (etc.), m'aident à réduire les choix. Bon, il y en a plusieurs qui ont été éliminées d'office : trop chères! Mais parmi les autres, à quelles marques faire confiance? Sur quoi se baser?
Je vois bien que le prix équivaut à un mois de loyer complet. Les taxes vaudront les charges d'électricité et d'eau! Ça fout les boules, non?!
Et qu'est-ce qui me dit que ce mec ne cherche pas à vendre à tout prix? Qu'est-ce qui me dit aussi qu'avec ma chance de fou je ne vais pas tomber sur le seul modèle défectueux de cette série "dont personne ne s'est jamais plaint"!?
Pouvez-vous imaginer combien de repas entre amis je peux organiser pour le prix d'une laveuse? J'ai calculé, avec la moyenne que je dépense par soirée de ce genre (repas et boissons, pour une dizaine de personnes), je pourrais en faire 8 environ (donc 8 mois avec un repas par mois!). Je pourrais aussi financer presque la moitié de mon prochain grand voyage!
Mais il me la faut cette laveuse. C'est la fin de l'errance d'appartement en appartement, alors ça doit aussi être la fin de l'errance de machines à laver.
Je regarde parmi les moins chères des marques connues. Je demande au vendeur la raison de la différence de prix de 50 $ et ses conseils. La réponse semble honnête : le modèle le plus cher est une marque plus connue, européenne, qui inspire plus confiance; le deuxième est une marque internationale qui vend à plus grande échelle. Le conseil est clair : le moteur est garantie 10ans sur la moins chère, et c'est un modèle quasiment entièrement silencieux (moteur à induction donc sans frottements...), le deuxième est plus esthétique (un peu ouais! il est rouge!!), mais plus gros et plus bruyant que l'autre.
Alors je me dis une dernière fois que j'ai besoin d'une laveuse... Sauf que, quand même, j'aimerais bien que Mam' soit là pour confirmer mon choix.
Aller, je suis une grande fille maintenant, non? Je suis capable de choisir seule un ordinateur pour ses composantes, toute seule aussi un billet d'avion pour le prix le plus compétitif, de trouver chaque fois les moyens de transport les moins chers pour certains voyages...
Mais quand il a fallu acheter une lampe pour ma chambre, qu'il a fallu trouver les ampoules qu'il fallait changer dans l'appartement... j'ai mis un temps fou à me décider (lumière bleu ou jaune? Lampe sur pied blanche ou noire? Avec abat-jour ou ampoule apparente?...). Alors vous imaginez qu'une laveuse...
Et puis, une laveuse, on veut de la qualité, on veut qu'elle fonctionne bien, on sait quelles qualités on cherche... Mais on ne voudrait pas qu'au bout de 4 ans elle fonctionne toujours, mais qu'elle nous énerve tellement à cause d'un petit défaut qu'on aurait envie de s'en séparer alors qu'on est "pogné" avec! ... Non mais on dirait que je magasine un homme!


"Je la prends, m'sieur."
Alors on fait le tour de la machine, on regarde les "poques" qu'elle a. Une rayure ici, une marque là. Toutes les petites choses qui font qu'elle est 25 % moins cher, parce qu'elle a mal voyagé.
Tout à coup, on veut que ça aille vite. La décision est prise. Les dés sont jetés; rien ne va plus. Amène la machine à sous pépé : je sors la carte. Livraison dans deux semaines, quand je serai chez moi.

À la sortie du magasin, il n'y a qu'une seule pensée qui m'obsède...
On dit toujours aux filles qu'elles deviennent une femme le jour où elles ont leurs premières règles. C'est faux. Elles deviennent simplement ados, elles quittent le cercle innocent de l'enfance. Le jour où elles font l'amour pour la première fois, elles sont indubitablement plus Femmes. Mais c'est la femme amoureuse et séductrice qu'on devient à ce moment-là. Et il n'y a pas que cette femme-là. Il y a aussi la femme autonome financièrement et mentalement, celle qui envisage le futur, qui calcule et prévoit. L'anti-glamour. C'est cette femme-là qu'on devient (sans effacer l'autre femme!) quand on achète sa première laveuse.



mercredi 4 août 2010

Sale temps

Il fait chaud et horriblement humide.

On ne sait plus comment s'habiller... Trop chaud pour se couvrir, mais si on ne se couvre pas, on a peur d'avoir froid à cause de la pluie!
On sait que le parapluie ne servira à rien. On a bien vu le vent dehors.
S'il pleut en version mousson, de toutes façons, il n'y a pas que la tête qu'on veut protéger!
Mais la simple idée de l'imperméable ou de la cape de pluie suffit à se sentir moite de chaleur. On s'imagine déjà la sensation du tissu plastifié collant à la peau à cause de la pluie qui tombe, et indécollable à cause de la transpiration, inévitable là-dessous par une telle chaleur.
Finalement le parapluie nous arrive quand même plus!
Mais comme le bas sera trempé, il faut trouver des chaussures qui ne craignent rien. Éviter le cuir. Éviter les tennis en tissu qui mettront 10 ans à sécher à cause de l'humidité ambiante...
On aurait envie d'y aller pieds nus.
D'ailleurs, la solution serait d'y aller entièrement nu. Les vêtements dans un sac en plastique pour quand on sera au sec.
Mais aller où, de toutes façons? Qui a envie de sortir par ce temps?
C'est un temps à rester dans son lit (mais, pas sous la couette : il fait trop chaud!). C'est un temps à manger des tartines de Nutella, du chocolat et de la crème glacée. C'est un temps parfait pour la déprime passagère.

Ouais, bon, c'est pas tout ça, mais j'ai rendez-vous en ville... Alors, je m'habille comment? Je mets quoi comme chaussures?
Retour à la case départ.

mardi 20 juillet 2010

C'est chez moi

Chaque objet à sa place.
Cela fait des mois qu'on n'a pas été là, mais on sait où chaque chose doit aller quand on range la vaisselle. On sait où attraper le moindre ustensile quand on fait la cuisine.
Cela n'a l'air de rien, mais ne pas avoir à chercher où brancher à la fois l'ordi, le téléphone portable et la batterie de l'appareil photo à quelque chose de très plaisant. Cette sensation de la chose familière, presque immuable.
Ho, bien sûr, certaines choses ont changé. Les objets usés ont été remplacés (mais leur suppléant occupe la même place), d'autres sont venus s'ajouter aux armoires. De façon plus rare, certains objets ont simplement disparu. On les cherchera un peu, puis on finira par demander et par comprendre.
Mais en rentrant chez soi, ce sont aussi les habitudes de vie que l'on retrouve.
Faire pipi la porte ouverte pour continuer la discussion qu'on a entreprise avant que l'envie ne vienne.
Inviter des amis, aller en voir d'autres, à n'importe quel moment, connaissant leurs habitudes et leur rythme de vie, de la façon qui me plait, ayant à disposition tous les moyens de transport que je pourrais vouloir et n'ayant qu'à choisir celui qui me plait le plus.
Prendre mon petit déjeuner avec ma mère, après être rentrée aux aurores, et discuter longuement de nos rêves de la nuit ou de nos projets du jour. Ou prendre le petit déjeuner seule sur la terrasse, avant que la ruelle ne soit éveillée. N'entendre que le bruit du vent, des oiseaux, des écureuils qui se coursent dans les arbres, et quelque corde à linge coulisser. Bientôt les enfants sortiront et les bruits ne seront plus les mêmes.
En rentrant chez soi, on retrouve aussi les lieux que l'on aime.
Par exemple, le café où le patron va nous regarder, une amie et moi, assez étrangement: on peut lire sur son visage qu'il nous connait, mais qu'il ne sait pas comment. Quand il réalisera qu'il retrouve deux clientes fidèles, il nous accueillera une deuxième fois avec beaucoup plus de chaleur. Il nous offrira une petite dégustation de son nouveau produit, excellent. Geste commercial, certes, puisqu'on reviendra tellement c'était bon, mais geste touchant puisque nous sommes visiblement les seules qui y ont droit!
Enfin, se sentir vraiment à la maison, parce qu'il n'y a aucun endroit qu'on ne connaisse aussi bien, que ce soit dans l'intérieur de la maison ou dans la ville entière. Ce sentiment de familiarité et de possession n'est aussi fort nulle part ailleurs.

jeudi 1 juillet 2010

Les yeux du bonheur

Elle est heureuse. Le sourire et les yeux le crient.
De la tendresse et du bonheur, voilà ce qu'elle respire. La chaleur du métro et la masse de monde n'ont aucune tangibilité dans ce moment.
Sa petite fille à côté d'elle lui parle avec animation. Comme elle n'entend pas bien, elle doit se pencher vers elle, la faire répéter parfois quand cela n'a pas suffit. Elle comment ce qu'elle a compris, et sa petite fille rit, répond, et semble clairement partager la joie de cette complicité. En la regardant rire, la vieille sourit, et ses yeux débordent d'affection.
Elle a les mains qui tremblent, alors, pour ne pas que ça se voit trop, elle les agite beaucoup en parlant, parfois elle replace ses cheveux, ou une mèche de ceux de cette belle jeune fille à côté d'elle (mèche qu'elle regarde retomber sans s'offusquer), ou elle tripote son collier, mais elle pose rarement ses mains sur ses jambes. On pourrait s'inquiéter pour elle si l'on voyait.
Les yeux bleus, les pattes d'oies à leurs coins, les joues pleines, le reste du visage peu ridé. Et le sourire timide et doux. Comme si elle ne voulait pas trop afficher son bonheur de partager ce moment avec cette jeune fille pour ne pas la gêner dans son bonheur à elle. Mais retenir son sourire fait exploser le bonheur par ses yeux. Charmant.

jeudi 17 juin 2010

Là haut...

Combien de mètres d'altitude? Je ne sais pas.
Mais c'est haut! C'est presque au plus haut, on a l'impression de dominer le reste du paysage.
À perte de vue des montagnes, des pics, des rochers, des arbres, de l'herbe... et des nuages cachant de temps à autre ce soleil éclatant.
Le bruit du vent, des oiseaux, des abeilles et autres insectes.
Quand même, pour nous rappeler que nous ne sommes pas vraiment seules au monde, il y a régulièrement un klaxon qui résonne en bas de la montagne. Ce klaxon qui dit "je suis de l'autre côté du virage, et j'espère qu'il n'y a personne qui arrive!". Mais vraiment, c'est juste pour nous rappeler à la réalité de ce bas monde et ne pas se croire dans un quelconque paradis.

Le dos collé à la froideur de la pierre d'une église, le reste du corps ronronnant de la chaleur du soleil. Le vent qui empêche la sensation de canicule, et qui, se prenant dans les hautes herbes, donne, lorsque l'on ferme les yeux, l'impression d'être en bord de mer.
Un lézard plus loin, qui se dore. Et si l'on y pense, je suis un peu un lézard à ce moment précis.

Il y a une certaine jouissance à faire pipi au milieu des hautes herbes, en contemplant une araignée visiblement endormie, en regardant un paysage où il n'y a visiblement aucune habitation, aucun pèlerin, personne.

Il y a une plénitude certaine à faire une sieste sous un soleil, plombant s'il n'y avait pas ce petit vent parfaitement rafraichissant, et à se réveiller groggy de soleil.

Rien que cela permet de comprendre pourquoi les Corses aiment tant leur île... et la sieste!

jeudi 13 mai 2010

Prof Adams

Elle n'a que deux tenues possibles.

La tenue la moins fréquente, c'est un jean avec une chemise bleue ou violette. La chemise toujours rentrée dans le pantalon. Ceinture noire, à boucle dorée.
Mais le plus souvent, elle porte une robe. Noire. Col rond, et près du cou. Un bandeau de velours noir juste sous la poitrine. En dessous de ce bandeau, des plis se forment, et la robe tombe ainsi jusqu'aux genoux. Madame porte des collants foncés plus ou moins épais selon le temps.
Les chaussures, elles, pour parler de ce que l'on voit au bout de ces "deux queues de cerises" (de Valérie), consistent en des bottines à talon en cuir marron naturel, lorsqu'elle porte son jean, ou en des ballerines noires vernies, avec une boucle dorée sur le dessus.

Cheveux noirs, constamment coiffés en demi-queue.
Lèvres rouges, mais un rouge éteint: le rouge à lèvres fait naturel.
Le fard à paupière est inlassablement d'un violet rosé. Ses yeux sont bleu gris. Elle met du mascara.
Elle a le visage qui vieilli. Elle ne fait pas encore vieille, mais elle a des rides, et elle semble ne pas sourire très souvent, l'air de trouver tout compliqué.

Elle a des mains comme des "serres en devenir" (de Valérie aussi). Les ongles, toujours longs, peints, parfois en rose pâle, parfois en noir, le plus souvent en marron foncé. Une bague au majeur de la main gauche, un anneau à celui de la main droite.

Je ne sais pas si vous voyez le portrait, mais vous comprendrez que ce n'est pas si facile de suivre un cours naturellement compliqué quand on a un portrait proche de la mère de la famille Adams devant soi pendant deux heures chaque semaine. Nous nous sommes forcément demandées (Valérie et moi) pourquoi sa garde robe était si restreinte. Nous savons maintenant combien gagne un prof, et nous savons qu'elle n'est pas simplement chargée de cours. L'hypothèse de Valérie est qu'il s'agit d'une robe Yves St Laurent, et qu'elle a donc hypothéqué le reste de sa garde robe pour s'offrir celle-ci. Pour ma part, je ne comprends simplement pas.

D'autant que, ne trouvez-vous pas qu'il s'agit d'une inconscience profonde, ou de masochisme, d'être prof dans une fac où il n'y a que des tableaux noirs et de la craie, et de persister à s'habiller en noir, alors que TOUS les profs s'adossent au tableau à un moment ou un autre?

mardi 11 mai 2010

Ça goutte, dégoute.

Ça goutte à goutte, dans l'métro.
Parapluies dégouttant et manteaux trempés...
Début d'été détrempant, j'ai l'impression qu'on nous a trompés.
On tremble encore de froid. Il pleut des trombes.
Pluie fine de Paris, Messieurs, cette année la cuvée sera abondante!
Giboulées de mars en mai.
Qui a dit : "En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai fais ce qu'il te plait"?
Parce qu'il s'écoule des ruisseaux, dans l'métro.
Des flaques qui deviennent mares. Et ça ne fait pas rire.
Les minettes s'habillent en petites jupes et petites chaussures depuis déjà quelques temps, mais elles n'ont pas encore osé quitter leurs collants, ni leur grosse écharpe.
À quand les épaules et les doigts de pieds à l'air?
Ça fait ploc, ploc, dans l'métro.
Il y a toujours les optimistes, ou les inconscients (?), qui sont habillés comme s'il faisait vraiment beau (ne parlons pas encore de chaud). Pas de manteau, pas de veste, encore moins de parapluie.
Cheveux, épaules, converses et bas du jean: tout mouillé.
Alors, plic, ploc: On s'égoutte dans l'métro.

Goutte à goutte dégoute

mercredi 5 mai 2010

Auteur-ité

Il n'y a pas longtemps, il y avait Jean-Jacques. Un homme gentil, mais un peu lent à venir. Il fallait faire preuve de beaucoup de patience pour aboutir à quelque chose! Enfin, au final, il se trouve être divertissant, est si l'on aime son style on peut même prendre un certain plaisir. Le côté misogyne est, finalement, ce qui m'a le plus gêné chez lui. C'est dur de prendre plaisir d'un homme qui vous rabaisse tout le temps quand même!
Et puis, en ce moment, c'est Charles. Un type sympa, poète à ses heures, mais qui a tendance à critiquer beaucoup, ou à valoriser avec passion, ce qui dérange également. Enfin, c'est un homme sensible et éclairé. Mais trop contemplatif. Il met beaucoup d'entrain à produire un effet dépassé pour le moment présent. Pourtant, il a eu beaucoup d'effet sur moi par le passé. Son côté poète me plaisait et m'attirait. Aujourd'hui, je suis un peu désillusionnée!
Beaucoup d'espoirs reposent donc sur Jean-Paul. Il m'a été présenté par un chouette type, avec beaucoup de bonhomie. J'aime le côté satirique dont j'ai tant entendu parler chez lui, et avec qui j'ai pu faire connaissance, parce que j'ai déjà eu une petite aventure avec lui. Ce fut de courte durée, hors de l'ordinaire, et j'en garde un souvenir très agréable! Est-ce que nous vivrons à nouveau une belle idylle, malgré ses mois sans se rencontrer?

Lire un auteur et l'avoir dans la tête à longueur de temps, c'est comme coucher avec un sex-symbole et se demander s'il en vaut vraiment la peine, et pourquoi tant de femmes parlent de lui.

à la piscine

Quand on va a la piscine, ça peut être pour se détendre, ou pour être actif. Dans tous les cas, il y en a toujours pour empêcher que ce soit comme on le voudrait.

Quand on y va pour nager, les couloirs sont toujours pleins, et on se retrouve toujours à "piétiner" à l'arrière de quelqu'un de trop lent. Ou bien l'on se trouve à empêcher un pro du crawl d'avancer, et on sait qu'il s'énerve aussi à piétiner.
Alors parfois on se lance: on va nager dans le bassin où il y a tout le monde, parce qu'il y a proportionnellement moins de monde dedans. Mais il faut slalomer entre les enfants et les parents qui les surveillent. Mais il arrive toujours une vague provoquée par leurs jeux que l'on avale en voulant respirer. Embêtant.
Alors on retourne nager entre le vieux qui n'avance pas et l'athlète de compèt'.

Récemment, j'ai choisi le SPA, le but étant de se détendre, de rester tranquillement à profiter de la chaleur et des bulles (et de faire disparaître, si c'est possible, des courbatures provoquées par une semaine de marche).
Mais il y a des phénomènes aussi dans ce genre de piscines. Celle que j'ai choisi, en plus, est réputée pour son eau minérale naturelle, et devient une attraction touristique (oui, d'accord, c'est aussi pour cela que j'y suis).
Et puisqu'il n'y a rien à faire à part se détendre et regarder les autres faire de même... c'est ce que j'ai fait.
Si je puis donner un conseil, les filles, ne vous maquillez pas en allant des ce genre de bains. Certes, il est possible de ne pas mettre la tête sous l'eau. Mais une eau entre 33 et 35° ça tient tout de même suffisamment chaud pour que la transpiration puisse vaguement apparaitre, et ceci allié à l'humidité ambiante vous dessine d'esthétiques cernes noires sous les yeux. Ravissant! C'est sans compter qu'il y en a toujours une pour aller aux hammams, ou pour se mettre la tête sous l'eau parce que finalement ça fait du bien, et qui se retrouve avec non plus des cernes, mais une cascade noire jusqu'au milieu des joues! Même le maquillage waterproof ne résiste pas, c'est certain.
Nous avons donc ces demoiselles, ou ces jeunes femmes, venant en groupe quatre à dix, qui papotent dans le bassin, en cercle. Elles ont toutes des maillots vraiment superbes. D'ailleurs il faut bien le dire, à par pour le noir sous les yeux, elles sont superbes! Ça sent la fille qui prend soin d'elle!
J'ai eu la chance de me trouver là en même temps que deux anglaises un peu... silly! Dignes d'un roman, elle ressemblent à deux sœurs, ou deux vieilles amies, qui n'ont jamais réussi à se marier et qui ne se quittent pas, pour compenser! Elles découvrent visiblement ce que c'est qu'une source thermale "chaude". Donc il faut afficher sa joie de sentir l'eau si chaude, quand on vient de traverser une terrasse extérieure à 13°, avec de la pluie et du vent. D'accord, ça fait un bien fou, mais on apprend normalement à afficher un air béat, plutôt qu'à s'exclamer combien c'est bon! Ensuite, il faudrait seulement leur apprendre que, justement, dans un SPA, vu la taille du bassin, ça ne se fait pas trop de faire des longueur, et de jouer à s'éclabousser, ou à se poursuivre sous l'eau... enfin, tout le monde en profite, quoi!
Est-ce que vous connaissez aussi cette femme, qui est visiblement très bien dans sa peau, qui a certainement été plus mince aussi avant, et qui s'affiche, rondelette, avec un maillot de bain deux pièces... et un beau gros tatouage sur le flanc? Celle là avait un très beau tigre. Sur sa peau blanche, ça faisait donc un tigre du Bengal! Chouette!.. sauf qu'avec le bedon, ça faisait bouger le tigre à chaque mouvement de la nana. Je pense qu'elle aurait dû le représenter en train de courir plutôt qu'allongé, ça aurait pu lui donner un air animé!
Et puis dans cet endroit, si vous croisez un homme, vous pouvez tout de suite chercher où est sa copine ou sa femme. Pas un seul ne vient seul. Inutile de venir là pour draguer, en somme. Alors ces messieurs, ont-il été trainés là par leur dulcinée, et ont-ils accepté en se disant qu'au moins ils pourraient se rincer l'oeil (car la plupart ne se gêne pas!)? Ou est-ce eux qui ont eu l'idée d'emmener leur chère et tendre, pour leur anniversaire commun, se détendre au chaud, dans cet endroit propice aux câlins? Who will ever know but them?

dimanche 25 avril 2010

Concordage

C'est toujours conditionnel, à ceci, à cela, à celui-ci ou à cet autre. Et c'est subjonctif à chacun de nous.
Ça se vit au présent, mais l'influence que notre passé joue dessus est considérable, et notre futur en dépend, après tout.
Cela semble toujours imparfait, alors que notre souhait à tous est de composer au plus que parfait.

Accord du verbe avec son sujet, ou accord de notre verbe sur un sujet?
Accord de gens.
Conjuguer nos efforts pour s'accorder avec le monde.
Accorder une deuxième chance à une terminaison.
Reprendre à zéro pour s'accorder à nouveau.
Abandonner les modes de communication pour prendre le temps, simple ou composé, de parler.
Avoir le temps participe à notre façon d'être.


La concordance des gens devrait pouvoir s'apprendre, elle aussi.


mercredi 14 avril 2010

Cette chaise sous la statue

Elles discutent sûrement toutes les deux.

Il y a tant de chaises, et tant de statues, dans ce parc... Les chaises vivent ensemble, en groupe, elles sont en ligne, en rond, par deux, par trois, en groupes plus grands quand il le faut. Elles se plient au désir des gens qui passent, elles les accueillent, le temps d'une conversation, d'une lecture, d'une pause sur le chemin. Rares sont celles qui se trouvent seules dans un coin, amenées à l'écart par un solitaire. Et lorsque cela leur arrive, elles savent qu'elles retrouveront vite quelque autre, et qu'elles cesseront d'être seules.
Les statues sont nombreuses aussi, pas autant que les chaises, mais c'est parce qu'elles ont été soigneusement choisies. Elles vivent seules. Elles sont placées à un endroit, et les gens se déplacent pour les voir, ou passent devant elles sans leur prêter la moindre attention. Seuls les pigeons, il y a encore un temps, venaient leur tenir compagnie, se posant sur leur tête, mais un système infaillible à été trouvé, parce qu'on a cru que ces oiseaux boiteux des villes les importunaient.

Alors qu'elles partagent le même espace, les chaises se déplacent au gré des désir des baladeurs, alors que ces humanoïdes, ces femmes (car ce sont surtout des femmes) de pierre ou de marbre restent seules, à observer de haut cette foule déambulante.

J'imagine un enfant observant cette femme blanche dans cette chaise, après l'avoir tirée jusque là pour s'installer, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains, et, après un "Jérémie!! On ne t'attendra pas plus longtemps!!" , a sauté par dessus les accoudoirs, et a laissé la chaise là, leur permettant d'entamer la conversation.

Cette chaise sous la statue!

jeudi 8 avril 2010

Train-train quotidien

"La présence de personnes sur les voies en gare de Chaville Velizy interrompt la circulation des trains dans les deux sens jusqu'à onze heures quarante cinq. Les forces de l'ordre sont actuellement mobilisées. La SNCF vous remercie de votre attention."

Attends, mais c'est quoi ce message qui ne veut rien dire? On sait donc que y'a des gus sur le chemin de fer, ok... Mais que doit on en penser? Des idiots qui se croient drôles? Un pauvre mec qui s'est dit que, aujourd'hui, il allait tout faire pour enfin ne plus passer inaperçu? Un suicidaire qui s'est allongé sur la voie après avoir décidé que la meilleure façon de mettre fin à ses jours était de se faire rouler dessus? Un type bourré qui n'a pas compris que "chui trop au bord du quai" impliquait certainement "je vais me péter la gueule"? Ou une autre sorte de type bourré qui a voulu faire un braquage version farwest? Ou bien un employé SNCF qui a oublié de se déclarer? ...
Et puis "les forces de l'ordre", est-ce qu'ils ont envoyé deux petits policiers pour ramener quatre mecs en coma éthylique? Ou toute une camionnette pour ramener un pauvre diable suicidaire?
On veut des détails-heu!

La présence de personnes sur les voies en gare de Chaville Velizy interrompt la circulation des trains dans les deux sens jusqu'à onze heures quarante cinq. Les forces de l'ordre sont actuellement mobilisées...

Les gens sont drôles quand même.
On regarde sa montre. On tape du pied. On tourne en rond. On allume une cigarette. Et puis on soupire. C'est important le soupir. Ça montre qu'on est pressé, le soupire, qu'on n'a pas que ça à faire!
Dans cette ville où les gens se pressent tout le temps, sans arrêt, c'est sûr, c'est dur, d'être obligé d'attendre, de ne pas contrôler, de ne pas pouvoir faire accélérer les choses.

Il est interdit de fumer sur les quais. Tout le monde sait ça. Mais saviez-vous que cette loi est suspendue lors d'incidents de ce genre? En effet, ce serait ignoble d'empêcher, en plus!, ces pauvres messieurs (et ces belles dames) stressé(e)s de se détendre un peu!
Le message se répète toutes les deux ou trois minutes. Les cigarettes sortent des paquets presque avec la même régularité.

Les gens restent difficilement immobiles. À tel point qu'à part les trois touristes asiatiques assis sur leurs valises, n'ayant pas l'air de bien comprendre ce qu'il se passe (mais cela fait peut-être partie du charme parisien pour eux), je suis la seule à rester sans bouger, adossée à un poteau.
Les regards se tournent vers l'horloge de la station presque plus souvent que les aiguilles n'avancent.

Et ces soupirs agacés qui fusent. Ils sont discrets, mais pas trop, car il faut montrer que décidément, ça ne nous arrange pas du tout, ça, non!

"Le succès de l'intervention des forces de l'ordre permet la reprise graduelle du trafic. La SNCF vous remercie de votre patience."

Bon, une raison de plus pour le commun de la population de penser que nous avons besoin de cette force de l'ordre. Force bien ordonnée commence par un monde organisé. L'ordre au service d'une routine sans accro. Le train-train quotidien perdurera.

lundi 5 avril 2010

Ha, l'imagination!

Un vent fou... et des nuages à formes!!
Facile de se laisser flotter dans les vapeurs fertiles de l'esprit.

Vous connaissez ces nuages qui se déforment si vite qu'à chaque instant on croit pouvoir y voir représenté quelque chose?
Dans les films ils en font tout un quelque chose!
Et puis il y a toujours ceux qui voient des choses dignes d'une psychanalyse... Je ne fais peut-être pas exception.

Ce jour-là, il ne faisait pas bien beau, et je révisais dans ma chambre. J'ai fini par surtout regarder les nuages passer... Regarder passer... penser et imaginer. Nuage passe. Pensée passe. Passions passées. Penser le passé ou panser le passé. Passage de pensées ou pensée de passage... Jusqu'à ne plus qu'imaginer...



Sourire diabolique

Sourire complètement diabolique... Même pas "pas peur". C'est vrai, on dirait qu'il se réchauffe à la cheminée en fait.

Le tyrex et le petit poisson

Là, c'est un tyrex qui essaie d'attraper un petit poisson tout mignon (sur la gauche), qui lui échappe, alors il est furax le dyno, parce qu'il a faim! et il crache même de la fumée parce qu'il s'énerve trop!!

Le dyno du bord de la fenêtre

Et là, vous voyez le petit dyno qui se fraie un chemin dans ma fenêtre? L'est mimi non?


Et j'ai gardé le plus beau pour la fin (ou la faim, celle qui justifie les moyens)...

L'oiseau de feu

Voilà un phénix, qui cherche à attraper une carotte, ou un piment, je ne sais pas trop j'avoue!

Alors, "j'me fais suivre"? ou "j'vais voir quelqu'un"?

vendredi 2 avril 2010

Le vieux

Pantalon à pinces bleu marin, très foncé.
Chaussures noires simples à lacets. Chaussettes noires.
Chemise blanche. Cravate bleu-gris.
Surtout marron foncé.
Lunettes carrées, grandes, aux bordures argentées.
Sourcils fournis, cheveux aussi, avec toutes les teintes du blanc au noir.
Grand front assez ridé.
Des tâches de rousseurs...
... Et après s'être passé les doigts sur la figure, après avoir hésité, il met ses mains dans les poches de chaque côté de son surtout, et il en sort, de la main gauche un paquet de tabac, de la main droit une belle pipe. Tuyau noir ébène, tête marron tacheté.
Il la bourre, et après l'avoir humée, il la range. Pour plus tard.

Vague impression de déjà vu.

jeudi 1 avril 2010

1er avril

Quand nous étions petits, nous attendions ce jour avec impatience.
Nous avions réfléchi bien des jours avant à tout ce que nous pourrions faire comme blague, bonne ou mauvaise.
J'ai toujours trouvé que polisson devait avoir un rapport avec poisson. Alors quel meilleur moment pour en être qu'en ce jour où les blagues sont autorisées, attendues?
Nous découpions des poissons plus ou moins difformes que nous prenions le temps de décorer, ou non. Des gros, des petits. Des jolis, des horribles. Et le but était d'arriver à en coller un dans le dos de quelqu'un sans qu'il s'en rende compte, et de le voir, des heures plus tard, avec le même poisson, toujours au même endroit.
Les enseignants s'en mêlaient, et jouaient des tours à leurs élèves, leur faisant croire à des interrogations surprises, leur faisant faire des exercices infaisables, ou leur disant que la récréation est annulée ce jour.
Aujourd'hui, je suis grande, et je me rends compte que cela fait plusieurs années que je n'ai plus rien fait pour marquer cette journée.
Alors que vais-je faire?
Découper à nouveau des poissons?
Faire croire des bêtises à quelqu'un?

Pourquoi, en grandissant, l'homme perd ces petits rituels qui font sourire notre quotidien?

mercredi 31 mars 2010

people

J'ai vu un homme qui parlait au téléphone en marchant dans la rue. Il était très enthousiaste, il répétait que c'était super, vraiment très bien.
Et puis, tout à coup, il a penché la tête sur la gauche, il a avancé l'épaule droite, et comme si celle-là l'entrainait autour de son épaule gauche... Il a fait un tour sur lui-même.
Une première fois, c'est drôle: quel enthousiasme!
Deux trois mètres plus loin, il a recommencé.
Et encore. Et encore. Et encore... Jusqu'à ce qu'il soit trop loin pour que je puisse voir s'il continuait.
Je me suis dit que si c'était un TOC, c'en était un mignon. Mais handicapant quand même pour marcher à une vitesse normale, non? Et quand il court, est-ce qu'il a besoin de le faire aussi?
Ça lui donnait un air bien joyeux!

J'ai vu un homme sur un quai de RER, il lisait un livre, il avait de gros écouteurs sur la tête.
Et puis, tout à coup, il a sorti un sac de chips, il s'est levé et s'est dirigé vers les escalators, celui qui amène les voyageurs sur le quai, pas celui qui les fait le quitter. Il a ouvert son paquet de chips, et il a sauté sur les escalators.
Et pendant les dix minutes qui nous séparaient de l'arrivée du train... il a marché sur place.
Était-ce un problème d'hyperactivité? Était-ce pour compenser le fait de manger des chips? Je me suis demandée ce qu'il ferait si des gens venaient à emprunter l'escalator dans le bon sens... Mais ça n'est pas arrivé. Est-ce que des touristes y auraient renoncé en pensant qu'en France on devait peut-être prendre les escalators en sens inverse?

Les gens sont géniaux!

Concordance

Il est des moments dans la vie, où l'on cherche absolument à ne pas penser à ce qu'il nous arrive.
Alors au moment où le dentiste me faisait cette anesthésie, je ne pouvais penser qu'à cela:

"Ça va piquer...maintenant! Ça va piquer maintenant. Vous allez sentir une légère pression, vous sentez? C'est normal. Ça va encore piquer, maintenant..." (Y'en a pour au moins 6 piqures)

Pourquoi diantre vouloir employer un futur (proche, certes) pour exprimer une simultanéité?

Et sinon...
Pourquoi les dentistes ont-ils eu envie de devenir dentistes, alors que personne n'aime les dentistes?
Pourquoi le dentiste fait-il comme si tu étais la première personne à pleurer, alors que tu te doutes que certains font sûrement pire?
Pourquoi a-t-on des dents qui ne poussent pas droit?
Pourquoi les dents de sagesse s'appellent ainsi? (Il me semble évident que si elles ne poussent pas droit chez les 3/4 des gens, c'est qu'elles ne sont pas sages!)

Dans deux semaines, ce sera donc fini: je ne serai plus sage, ne comptez plus là-dessus!
Fini! Nah!

mercredi 24 mars 2010

Communication

-Allô? y'a quelqu'un au bout du fil?
Bah non, puisque y'a pas de fil.

C'est vrai, si nous pouvons encore dire ça aujourd'hui, est-ce que les générations futures pourront toujours le dire? Est-ce que cette expression, dans les éditions (ou ré-édition) de bouquins dans 20ans auront une petite note en bas de page pour dire "expression pour demander s'il y a un interlocuteur à l'appel effectué".

Mais alors, "comment feront-ils pour demander qui est au bout du fil???"

"On demandera plus, on aura l'afficheur" (Margaux)

Implacable!


mardi 23 mars 2010

Ha, Chapeau!

Quand on porte un chapeau, on ne voit pas le monde de la même façon, on n'est plus pareil.
D'abord, on ne voit plus la tête des gens, sauf des petits gens.
Alors on se met à regarder de façon presque anormale les chaussures des gens.Un jour, il faudra que je consacre un article aux chaussures de Paris. Parce que je suis presque sûre que je peux caractériser une personne en voyant ses chaussures, mais j'adore aussi me rendre compte en levant les yeux que j'ai eu tord. "Mama always said, you can tell a lot about a person by their shoes, where they're going, where they've been" (Forrest Gump)
Enfin, tout à coup, les chaussures des gens se distinguent, et prennent une importance ahurissante! Et alors, à l'inverse, j'ai l'impression qu'on ne regarde que ma tête. Celle des autres disparait, le monde est limité par ce rebord rouge devant mes yeux, mais quand je fais en sorte de regarder le monde qui m'entoure, têtes incluses, je me dis chaque fois que ce n'était pas une impression.
Mais il faut dire que les gens regardent beaucoup les chapeaux, avec le regard vague, qui indique que ce chapeau les ramène dans leurs désirs les plus intimes: avoir une tête à chapeau, et posséder un chapeau!
Mais quand même, ils se disent qu'un chapeau rouge, c'est un peu osée... Mais leur regard ne se détache pas, car le regard est vite attiré par les couleurs voyantes.
Car Oui! mon chapeau est rouge, on me l'a offert, me disant que mon cadeau me plairait, puisqu'il est rouge! Et c'est vrai, il me plait!
Je n'ai que deux façons de porter un chapeau qui me plaisent. La première fait assez naturelle, le chapeau légèrement en arrière, cela donne un petit air de cow-girl et incite à garder la tête haute, ce que j'aime bien, je l'avoue. L'inconvénient majeur est que le chapeau a plus de prise en vent ainsi.
Alors, souvent (bah oui, Paris est venteuse!), je joue le jeu, et je porte mon chapeau bas sur le front, légèrement incliné, comme le font les chanteurs de jazz ou de R&B qui se donnent un style. Moi aussi je me donne un style. Veste en jean, jupe ou pantalon, petit pull, boucles d'oreilles, un peu de maquillage. Je regarde les gens de côté ou par dessous mon chapeau.
Je regarde dans le reflet des vitres si mon couvre-chef est bien placé, si mes cheveux ont l'air bien, et je les replace s'il le faut.
Quand on a un chapeau, on ne peut pas faire comme si de rien n'était, on ne peut pas croire qu'on passe inaperçue, on peut se permettre un peu (ou plus) de narcissisme, un peu plus de fierté dans la démarche, dans le regard, dans le ton de voix (bon, moi, j'évite, ça je l'ai naturellement).
Et surtout, quand on a un chapeau, on n'est responsable d'une certaine classe, parce ne porte pas de chapeau qui veut, et qui en porte doit le bien porter!

note personnelle: se rappeler de ne plus jamais lire un bouquin qui parle des africains en portant mon chapeau... un seul attribut pour se faire remarquer à la fois.

dimanche 21 mars 2010

Charmante

Est-ce que les hommes savent encore ce que ça veut dire, "charmante"?
Est-ce qu'ils sont conscients que si ça rime avec "bandante", ça ne peut pas le remplacer juste par bienséance?
Est-ce que les gens savent que ça vient de "charmer", donc de "charme", donc de "carmen", qui est un chant séducteur, qui a quelque chose de magique?
Est-ce que quand un homme dit "je vous trouve vraiment charmante", il pense vraiment que je suis envoutante, ou que je ne peux pas comprendre qu'il s'est tout à coup senti des envies?
Est-ce que je suis vraiment sensée croire qu'un homme veut faire "juste connaissance", sans que ce soit "bibliquement"?
Si c'était le cas (donc une simple connaissance, parce que, éventuellement (c'est possible), il rechercherait un relation durable, et non un coup d'un soir), je doute qu'il répondrait "mais je suis libre ce soir et demain" à mon "je suis en vacances ici, je m'en vais dans deux semaines" (vive l'accent québécois!).

J'aimerais qu'un homme utilise un autre mot que ça pour m'aborder, ou qu'il me montre qu'il l'entend au sens propre, et qu'il ne cherche donc pas à "faire connaissance", car si je suis charmante, ce serait bête de rompre le charme.

ps: pour ceux qui se le demanderaient, c'était un blanc cette fois, qui avait l'âge d'être mon père. au moins.

jeudi 18 mars 2010

Compagnon

Il me regarde depuis plusieurs semaines du coin de ma chambre, dans l'ombre, là bas. À l'endroit où le toit rejoint les murs. Je l'y ai lancé. Non pas que je le voulais loin de moi, au contraire! Mais il fallait que nous soyons suffisamment séparés pour que je puisse l'oublier un peu. Pour que je puisse me concentrer sur ce que j'ai à faire. Pourtant, mon dos ne rêve que de sentir son poids. Mes épaules aspirent à sentir les courbatures naître de le transporter. Mes pieds veulent sentir cette masse les enfoncer dans la terre. Mes jambes veulent sentir l'effort de le soutenir.
Car je le veux bien rempli, bien lourd.
Alors, pour qu'il ne soit pas trop fâché quand j'aurai besoin de lui, je lui fais les yeux doux certains soirs. Parfois, je le porte presque vide, juste pour le sentir, comme pour une répétition à demi costumée, lorsqu'un comédien ne met que les accessoires importants de son habit.
Je lui raconte les endroits où je l'amènerai s'il m'est fidèle, s'il tient le coup. Il sait que je ne serai pas tendre avec lui, mais il sait que je l'ai choisi pour cela, parce qu'il est résistant. Il est prêt à vivre l'imprévu, à affronter l'inconnu.
Et comme mon sac, je veux que mes souvenirs pèsent plus tard.
Parce que l'aventure, ça se transporte.
Parce que la liberté a un poids malgré tout ce qu'on croit.

lundi 15 mars 2010

Infernal

Après avoir lu l'Enfer de Dante,
Après avoir relu la descente aux enfers d'Énée dans Virgile,
Après avoir re-relu la visite d'Ulysse à Perséphone...

Oui, c'est sûr, après que je connaisse maintenant si bien les enfers dans leurs plus belles représentations...

Et, évidemment, après avoir décortiqué des passages de Dante sous tous les angles possibles pour arriver à éclaircir le style complètement obscur de cet auteur (et/ou du traducteur?)...

Maintenant, si un homme me disait qu'il veut me faire monter au paradis, j'y verrai une allusion dantesque...

C'est infernal, à proprement parler!

vendredi 12 mars 2010

Se tourner le dos

Elles sont vieilles, froides, rigides.
Il a encore gelé ce matin, et un peu de chaleur leur ferait sûrement du bien.
Le petit rayon de soleil qui est enfin apparu ne les fait pourtant pas sourire, ne réchauffe pas leur conversation.
Quelle conversation, d'ailleurs? Elles ne se parlent plus! Ha! ça non!
Elles se tournent le dos, et elles font comme si elles se boudaient.
Oui, "comme si", parce que, tout le monde le sait, elles sont inséparables.
Elles se côtoient depuis tant d'années que chacun de leurs défauts est source d'amitié et de sympathie. D'ailleurs, on se rend compte que leurs défauts sont bien souvent les mêmes. Est-ce par mimétisme ou par hasard?
C'est un homme qui a fait qu'elles ne se parlent plus. Elles n'ont rien fait pour l'en empêcher, mais elles se sentaient tellement impuissantes... Et aujourd'hui comme elles regrettent! Car depuis ces quelques heures sans se voir, sans s'accorder une parole, il s'en est passé des choses, et elles voudraient bien se raconter tout ça!
Mais il faudra attendre. Patiemment. Qu'un ou plusieurs hommes acceptent de les remettre en face. Reprendre leur conversation. Se réchauffer de leur présence, de leurs mots, de leurs rires.

Merci Marie-Claude, je ne l'aurai peut-être pas fait si tu n'en avais pas parlé! ;-)

Se tourner le dos

mercredi 10 mars 2010

l'Assurance

Il vit dans la séduction.
Non pas dans la drague, parce que c'est un homme sérieux. Mais il aime plaire, c'est important pour lui.

D'abord, il est toujours bien habillé. Rien n'est négligé, laissé au hasard. Les couleurs sont toujours bien assorties, et elles lui vont bien. Le style est simple, mais classe, élégant. La coupe des vêtements lui va toujours parfaitement, il n'a pas un jean qui lui aille moins bien qu'un autre. Le négligé ne fait pas partie de sa garde-robe, ou pas en public, le terme fait-il seulement partie de son vocabulaire?
Son comportement va de pair.
Il est sûr de lui. Il sait que pour séduire, il est nécessaire de dégager une certaine confiance en soi. Il n'a pas l'air orgueilleux, juste assuré.
Avec une fille, il sera toujours charmant, toujours serviable, souriant avec la petite pointe d'humour pour la mettre à l'aise.
Avec un homme, la poignée de main est énergique, le sourire plus franc, l'humour toujours présent, et la serviabilité aussi, mais pas de la même façon, de façon plus masculine, en somme.
Avec un supérieur, ou un employeur, son assurance lui permet de rassurer celui-là: "je suis bien l'homme de la situation".

Il prend le temps pour les gens, mais quand la personne ne l'intéresse pas, son regard le montre très vite, et le sourire devient plus hypocrite, ou se tait. Au contraire, lorsque la personne en face de lui lui est sympathique, le sourire est plus franc, et le rapport de séduction qui s'imposait au début s'estompe (mais ne disparait jamais).

Au fond, il n'est pas si sûr de lui. Il n'a pas pleine confiance, il doute souvent. Mais il connait sa valeur, et il connait les gens. Il sait que le meilleur moyen, et le plus direct, de plaire à une tierce personne, c'est ce sourire simple qui manque si souvent aux inconnus, sans air d'hypocrisie, mais sans trop se donner non plus. La séduction sans s'engager.

Sourire pour donner un air d'assurance qui nous protège, sourire pour ne pas avoir l'air de douter.

lundi 8 mars 2010

Ô naturel

Rencontre dans la cage d'escalier, lui monte, je m'apprête à descendre lorsque je le vois:
-Bonjour Monsieur!
-Ha! Bonjour Mademoiselle! Non non, ne montez pas!
-Bah, vous, ne descendez pas, puisque je monte déjà!
-Comment allez-vous? Vous êtes plus belle que jamais.
-Ha bon? En jean et vieux pull de ma mère? Haha! Bah merci!
-(regard amusé) Ça se fait, ça? Les pulls de la mère?
-Chez nous, oui! Enfin moi je le fais! (grand sourire)
-Et comment allez-vous?
-Très bien, je vous remercie!
-Oui, vous avez l'air (commence à remonter), vous avez l'air (grand sourire)!

Faudra qu'on m'explique pourquoi ce compliment, le jour où j'ai les mêmes affaires qu'hier (dodo chez le tonton), deux pulls l'un sur l'autre, un jean un peu taché, le jour où j'ai mis mes lunettes, sans maquillage, que je ne me suis pas coiffée et que je n'ai même pas de boucles d'oreilles!
Ou alors c'est un homme qui aime la beauté la plus naturelle...

Adieu, fards, jupes, talons, parures...?

Non... quand même pas! :-D

samedi 6 mars 2010

Un sourire pour changer

Manteau kaki.
Cheveux bouclés, de gris-foncé à blanc.
Des sourcils en accent circonflexe légèrement froncés.
De grosses lunettes carrées, les coins arrondis. Monture fine, grise.
Il me dévisage comme si j'avais fait quelque chose de mal. Grands yeux inquisiteurs qui reviennent sur moi très souvent. Surtout depuis que j'ai sorti mon carnet.
Nez long, droit.
La bouche fine, tendue, une perpétuelle grimace de désapprobation. Sévère.
Chaque regard me semble un jugement négatif.
Ses joues tombent un peu.
On ne voit pas d'autres rides. Le bord des yeux est caché par la monture des lunettes et son ombre. Les cheveux tombent en boucles éparses cachent le front.
Il a de grandes oreilles, dont le haut disparait dans ses boucles.
Le menton carré, mais bien proportionné. Le fait qu'il soit juste un peu en avant ajoute à l'air sévère.

Pourtant, il a souri en regardant un groupe de touristes. Sont visage s'est éclairé, adouci. Il avait l'air gentil.

vendredi 5 mars 2010

Un long regard, un sourire, touchent assurément plus vite que des phrases semblables à toutes celles qu'un autre a déjà dites.

Je fais collection de regards, Monsieur, pas de numéros.

jeudi 4 mars 2010

Tenez la droite!

Je n'aime pas ces filles, taille mannequin, qui se mettent sur la droite des escalators. Où est le problème me diriez-vous? C'est que cette taille zéro réussit à bloquer tout le passage à cause d'un simple geste: porter son sac à main sur le bras gauche, au creux du coude, le bras à 45°, la paume de la main vers le bas, le poignet légèrement cassé (petit doigt en l'air?), ça fait plus chic. Ou encore, le coude presque à 90°, le poignet serré (mais de façon chic) dont l'alignement est aussi à 90° environ. Ça prend moins de place?... sauf que ça, c'est quand le sac est tellement gros et/ou lourd qu'il prend la place d'une deuxième personne sans jambe.

mercredi 3 mars 2010

L'Étrangère

Seule blanche dans le RER aujourd'hui.

Entre Afrique et Asie (serais-je le Moyen-Orient?!).
D'un côté du wagon, derrière moi, une troupe de touristes asiatiques. On se croirait... bah à Paris, station Champ de Mars - Tour Eiffel! Ha, ça tombe bien, on y est!
De l'autre côté, en face de moi, il n'y a absolument que des Noirs. Trois femmes en boubous, 2 vendeurs de Tour Eiffel, une femme avec un enfant, et un homme seul. Ce dernier est particulièrement bel homme d'ailleurs.
Pourquoi est-ce que dès que je lève les yeux vers lui il a déjà les yeux sur moi, c'est injuste, ça m'empêche de le regarder vraiment!
Il me regarde écrire apparemment, il n'est pas très loin et il pourrait, en se penchant, deviner si j'écris mon numéro ou si j'écris tout court. Vous avez la réponse, vous.

Bon, je crois que c'est décidé, à partir d'aujourd'hui, je commence la compilation des "coups d'œil dans le métro". Je fais collection. Juste des coups d'œil!

Dodo l'enfant do

Il y avait deux hommes sur le quai de la station Ledru-Rollin hier, j'étais vraiment sûre qu'ils étaient complètement défoncés, drogués ou enivrés, tellement ils avaient l'air au ralenti.
Ça m'a fait rire d'ailleurs, parce qu'ils se sont arrêtés à mon niveau, mais beaucoup trop proches pour la "normale". Vous savez, d'habitudes, les gens s'étalent sur le quai, et laissent une distance "de sécurité" entre eux et les autres. Ils ne commencent à se coller que lorsque le métro arrive et que les portes vont s'ouvrir. Mais ces deux hommes ce sont arrêtés près de moi, vraiment près. Ils ne m'ont même pas calculée, je ne devais pas leur paraître si proche.

Enfin, une fois assis dans le métro, je me suis rendu compte que ce n'était pas de substances inconnues qu'ils étaient ivres, mais bien de fatigue. L'un s'endormait en piquant du nez, réveillé toutes les minutes par les coups de coudes de son compagnon qui lui parlait sans arrêt pour se garder réveillé, et probablement essayer de garder l'autre de même!
J'aurais aimé savoir ce qu'avait été leur journée pour qu'ils soient dans cet état là... Ou leurs dernières journées, peut-être?
Je les ai laissés à Invalides, ils ont pris la ligne 13. J'espère qu'ils ne se sont pas réveillés ce matin dans un wagon!

mercredi 24 février 2010

Un jour (pas) comme les autres

Une journée normale, qui n'est qu'un jour parmi les autres de l'année. Pourtant quand on se réveille, on sait que cette journée est sensée être un peu différente.

Il pleut, comme tant d'autres jours de l'année. Mais c'est la première fois qu'il pleut aussi fort depuis que la neige a cessé.
Il fait plus doux. Ce Jour, pour moi, coïncide souvent avec une senteur de printemps assez agréable. De toutes façons, quel que soit le temps, quel que soit la façon dont la journée se présente, nous sommes convaincus, au fond de nous, qu'elle finira bien. Elle DOIT bien finir, sinon elle n'a pas d'intérêt à être.

Pourtant, la journée commence comme les autres. Je court pour attraper son train, je va être en retard à son cours. Je est fatiguée, et aurait voulu rester chez elle.

Pourtant, elle se prend à sourire en regardant les gens courir. Elle décide que malgré la pluie, malgré le risque grandissant de rater le dernier train qui la mettrait juste quelques minutes en retard au cours, elle ne courra pas, elle prendra son temps, alors elle ralentit le pas. Aujourd'hui, elle a le droit.

Durant la journée, Je se fond dans la masse, comme les autres jours, peut-être même plus que les autres jours. Une pensée narcissique la pousse à se dire que personne ne pourra savoir que c'est son anniversaire, sauf si d'autres le disent, ce qu'elle aimerait bien, mais soyons réalistes, quand même.
Ce jour, elle laissera son mobile en vibreur, elle le regardera bien plus souvent que d'habitude, et elle aura chaque fois un petit sourire quand elle verra un nouveau message arrivé.
Ce jour, elle pensera à ce qu'elle a fait cette année passée. Et l'année est encore passée, trop vite, bien trop vite. Mais au moins, depuis un bon nombre de mois, elle s'amuse, elle profite. Alors elle sourit encore, parce qu'elle peut être fière d'elle, tout de même.

Pendant la journée, elle pensera à elle, à ce qui lui ferait plaisir pour le diner, à ce qu'elle voudrait dans l'année à venir, à comment sera la journée avec les amis. Pour le diner, le menu est choisi, il ne reste qu'à cuisiner, et c'est les mains dans la pâte à crumble, ou en éminçant les champignons, qu'elle réfléchira sur l'année à venir, aux voyages qu'elle veut faire, aux moments où elle pourrait les planifier... Elle pense aussi à son retour près de ses soeurs, près de sa famille, de ses amis qu'elle ne voit presque plus depuis 3ans. Elle pense alors à ceux qu'elle ne verra presque plus pendant toutes les années à venir. Pourquoi encore cet océan? Pourquoi ces kilomètres? Mais elle a fait son choix. Elle rentrera. Pour un temps. Mais elle repartira. Elle ne sait pas quand, ni où, mais il faudra qu'elle reparte. Elle en rêve.

Elle pense qu'avoir 21 ans, c'est encore avoir la vie devant soi. Mais quand on regarde en arrière, quand on voit que ces quatre dernières années sont passées vite, si vite... Alors la vie risque d'être courte. Trop courte pour tout faire, tout voir, c'est certain.

Elle sourit en pensent qu'elle n'a jamais aimé faire des choix. Petite, elle ne voulait pas dormir pour ne pas rater un évènement, elle ne pouvait pas choisir entre une activité ou une autre. À 21 ans, le problème est toujours là, mais elle peut raisonner, choisir, décider de ce qu'elle préfèrerait parmi tout cela. Le choix est toujours difficile par contre, et classer toutes les envies par priorités... c'est faire des sacrifices vraiment difficiles!

Le repas a l'air réussi, le dessert semble succulent, l'oncle est arrivé avec des roses et un gros bisous. Les autres sont arrivés, ils sont passés à table. Elle a parfaitement tout dosé, un peu léger peut-être, mais au moins ce n'était pas trop. La conversation lui a rappelé que les gens sont toujours les mêmes, malgré que ce soit notre anniversaire, les sujets sont les mêmes, les gens ne sont pas différents, leurs idéaux n'ont pas de raison de changer. Alors Je prend plaisir à ce que les gens aiment le repas, et à ce qu'ils soient venus pour elle. Simplement.

En fin de soirée, après que tout le monde soit parti, elle a pris le temps d'aller lire tous les messages qu'elle a reçus, elle a encore souri de voir qu'il y a des gens qui pensent à elle, et que ce sont des gens à qui elle pense, que tous ces gens-là comptent pour elle. Il y en a d'autres qui comptent, et qui n'y ont pas pensé, mais elle n'y peut rien, cela fait un vide, mais elle n'atténuera pas à cause de ceci la beauté de ceux qui sont là, qui y pense. Elle oubliera elle aussi.

Elle a appelé un ami avant de se coucher.
Elle s'est couchée le sourire aux lèvres, le merci au coeur.
Le futur l'appelle.

lundi 22 février 2010

regards croisés

Échange de regards. Sourires. Mais sourires comme si on souriait pour autre chose.
Loin. Éloignés. Inconnu. Reconnu.
Chacun de son côté, on tourne la tête régulièrement pour croiser le regard de l'autre. Conforter l'impression que l'Autre "aussi". Différence, sans indifférence. Différencié parmi la foule des autres. Autre distingue Moi, alors que Moi a distingué Autre. Petits frissons. Sourire. Curiosité. On partagera seulement cela. Et nos regards. Le sourire se fait plus franc, jusqu'à un rire un peu nerveux. Et comme l'Autre agit de même, on rit encore un peu plus.
On se regarde pour de vrai, on ne fait plus semblant que cette direction est naturelle pour nos yeux. On sourit pour de vrai aussi.
On ne se parlera pas, chacun montera dans le train dans un wagon différent, non sans s'être jeté un dernier sourire, comme on envoie un regard.
Le bonheur était simplement là. Avoir été "vue". Ne pas être passée inaperçue toute la journée.

mercredi 17 février 2010

Prendre le bus en groupe

Le chauffeur écoute radio Nostalgie depuis le départ.

Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m'aimes
Et si ce jour-là tu as de la peine
A trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver

Les voyages organisés, c'est pas mon truc. Mais en tant qu'accompagnateur, ça va! On a certains avantages... L'autorité d'abord! Et puis quand y'a des truc en rab' on en profite...

And here’ to you, Mrs. Robinson
Jesus loves you more than you will know-ow-ow-ow
God bless you, please Mrs. Robinson
Heaven holds a place for those who pray-hey-hey-hey

Faut dire qu'il y a des gens qui s'inscrivent à des voyages organisés, mais qui voudraient faire les trucs comme ils veulent... Donc y'a les embêtant qui veulent changer les activités d'ordre... Pas possible, désolée, on a des réservations! Et puis il y a ceux qui disent qu'ils vont dans un autre hôtel, qu'ils nous retrouvent le lendemain au RDV. Bon, ça nous a fait une chambre de plus, donc nous deux, bénévoles, avions chacune la notre, pas si mal..!
Et voilà, nous rentrons. Le week-end s'est bien passé si on prend en compte qu'il n'a pas plu, que nous avons vu des choses superbes, que nous avons eu des guides extra, et nos 55 moutons ont été d'une ponctualité remarquable!

Eddy Mitchell sort un nouvel album

C'est sans compter qu'il a fait en dessous de zéro tout le temps, et gris... ha non, pardon, il faut beau depuis que nous sommes rentrés dans le bus pour le retour sur Paris... les boules! Mais sinon, c'était chouette!
Sylvie dort, mes écouteurs et ma musique dans les oreilles. Alors j'écoute toujours Nostalgie.
Je souris en écoutant cette musique qu'on peut définitivement appeler "ringarde" à cause du rythme à la batterie typique d'une époque révolue, d'un chanteur qui a une voix passe-partout, du synthé, important le synthé, qui fait une petite musique de fond, qui accompagne bien le refrain!

Ce soir je serai la plus belle pour aller danser...

Être né quelque part, c'est partir quand on veut, revenir quand on part...

Je suis inquiète, ceci dit... J'explique:
Le chauffeur, Vincent, une cinquantaine d'années, connait toutes les chansons. Ça se voit au rythme qu'il marque bien précisément. Il les connait toutes. Sauf que moi aussi! Bon, sauf deux ou trois, ce qui me rassure vaguement... Ce qui m'inquiète le plus, c'est que quand j'ai raconté ça à la maison, qu'on s'est mis à chanter d'autres chansons, que j'aime, que je connais... par cœur, il y en a un certain nombre que je connais mieux que ma tante, voir que je connais tout court, alors qu'elle ne les connait pas!

C'est grave docteur?

Surprise littéraire

J'aime lire dans un bouquin qui a tendance à m'endormir des passages célebrissimes qui me réveillent...
La Poétique de Boileau est relativement intéressante à lire... Mais c'est un ouvrage théorique, donc je l'ai lue comme j'ai pu. Cependant, arrivée à ce passage, j'ai souris, forcément!
(le début ne vous dira pas grand chose...)
"Il est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant que d'écrire apprenez à penser.
(Déjà, ça me disait quelque chose... c'est fort comme phrase!)
Selon que notre idée et plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
(et LÀ!)
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément."
L'art poétique de Boileau, vers 147-159
Pourquoi est-ce que personne ne m'a jamais dit que ça venait de là... Ça m'aurait peut-être motivée à ouvrir le bouquin!

D'autres passages me plaisent beaucoup, et on les lit avec délectation, on les relit, même, pour s'en imprégner. Ça m'est arrivé avec Sartre, ça m'est arrivé avec Diderot:
"On loue la vertu; mais on la hait; mais on la fuit; mais elle gèle de froid; et dans ce monde, il faut avoir les pieds chauds. [...] pourquoi voyons-nous si fréquemment les dévots si durs, si fâcheux, si insociables? C'est qu'ils se sont imposé une tâche qui ne leur est pas naturelle. Ils souffrent, et quand on souffre, on fait souffrir les autres. [...] La vertu se fait respecter; et le respect est incommode. La vertu de fait admirer, et l'admiration n'est pas amusante. J'ai à faire à des gens qui s'ennuient et il faut que je les fasse rire. Or c'est le ridicule et la folie qui font rire, il faut donc que je sois ridicule et fou;" - LUI, dans le neveux de Rameau, Diderot

En bref, quand on me demande pourquoi j'aime mes études de lettres aujourd'hui, je crois que ma réponse serait de dire des petites choses comme ça, qui sont des règles de la société d'aujourd'hui, alors qu'elles ont été écrites... il y a bien longtemps!

lundi 15 février 2010

Anti Saint Valentin, ou presque

Une jeune fille, une rose à la main. Visage serein. Sourire léger, flottant. Les yeux fermés, ou dans le vague, ça dépend. Elle a passé une bonne soirée. Oui, quand elle y repense, il a vraiment été parfait. Petit diner en tête à tête. Mais non ce n'est pas stéréotypique, c'était vraiment comme si de rien n'était! Vraiment naturel! Oui, d'accord, il m'a offert une rose. Mais c'est mignon, non? Et puis, d'ailleurs, il n'avait pas prévu de le faire, il ne voulait pas, ça aurait été vraiment trop cliché pour le coup. Mais c'est en passant devant ce fleuriste, il a vu les roses si belles, rouges foncé, épanouies, superbes... Et puis la jeune fille qui les préparait faisait, avec le feuillage et le papier rouge, un joli cœur, alors il a craqué! C'est lui qui a raconté ça, hein! Tu sais bien que c'est pas son genre de faire comme tout le monde! En tous cas, il a été parfait, on a passé une soirée vraiment formidable!

Tu oublies une chose la belle. Oui, tu as l'air d'avoir passé une soirée magique. Mais ta soirée, elle est finie. Il est 21h, tu es dans le métro et tu rentres. Seule. Il ne te reste que les souvenirs. Et déjà la chaleur de ses bras et de ses baisers en te disant au revoir devant la bouche du métro te semble moins chaude, moins envahissante que lorsque tu y étais. Tu as déjà froid de savoir que tu vas te coucher seule.

Aujourd'hui, deux hommes m'ont envoyé chacun un texto pour me souhaiter une chose que je ne voulais pas qu'ils me souhaitent: une bonne saint Valentin.
Mais un troisième a profité de l'occasion pour me signifier que ma présence et mon amitié lui manquent, ce qui est réciproque, et cela m'a fait plaisir.
Mais aussi, ce soir, un certain pirate me rejoint. Le seul homme que je fréquente qui ne fête pas cette fête, qui arrivera quand il le décidera (enfin, heureusement que les transports en commun ne tournent pas toute la nuit finalement!), qui repartira, surtout, quand il en aura envie (sauf demain, car j'ai prévenu qu'avant 10h du matin, il ne fallait même pas y penser), un homme qui fait comme il veut, en respectant mes quelques désirs à moi. Mais aussi le seul homme qui soit ici, en France, qu'il me fait toujours plaisir de voir. Sans exception.
Passer la soirée en bonne compagnie, mais sans se poser de questions sur sa relation avec l'autre, parce que cette relation est claire, simple et tendre. De l'affection mutuelle sans questionnement compliqué. Pour moi, ça vaut bien toutes les roses que d'autres ont reçues.

vendredi 5 février 2010

Aux pieds de la Dame de Fer

Y'a des mecs qui sont payés à passer tout leur temps de travail à suivre d'autres mecs dont le boulot est de vendre des tours Eiffel miniatures.
Pourquoi? Bah... J'sais pas. J'ai beau retourner la question dans tous les sens, je ne trouve pas de bonne raison. Peut-être que celle qu'ils nous donneraient, officiellement, c'est que, si on laisse ceux-là, d'autres s'ajouteront et ce s'ra pu gérable.
Quelle image ça donne? Une image plutôt amusante si vous aimez le cynisme... Ils me font penser à une grosse bande de pigeons dans laquelle s'élance un chien (petit, gros; peu importe aussi ses intentions). Vous verrez d'abord les pigeons chercher à s'éloigner le plus possible en prenant la direction opposée à celle par laquelle le chien arrive. Et puis, si le chien arrive trop vite, les pigeons s'envoleront dès qu'ils se sentiront vraiment menacés. Bah, les p'tits vendeurs de T.Eif., c'est la même... sauf qu'ils volent pas: ils courent. Chose amusante: tout comme les pigeons qui reviennent au même endroit, exactement, parce que c'est une bonne planque "casse-croute", les p'tits vendeurs, eux, reviennent aussi! La différence, c'est que le pigeon fait ça en 30 secondes, alors que, les p'tits blacks, ils doivent prendre le temps de s'assurer que les flics sont pu là... alors c'est plutôt 4-5 minutes.
L'image est peut-être moins drôle si on considère que ces mecs (Blancs en général... je n'en ai pas encore vu un noir) en bleu marin qui courent après ces mecs (Noirs, ou bazanés genre Pakis) porteurs de sacs "Franprix" et de gros anneaux chargés de mini-T.Eif., ces mecs en bleu ne veulent qu'une chose: leurs "papiers s'il vous plait" ou leur "je les ai pas avec moi m'sieur", surtout. S'ils voulaient simplement les éloigner des touristes... ils ne leur courraient pas derrière aussi loin, si?
Au fait...
Savez-vous comment distinguer un Noir "légal", Touriste, au pied de la tour Eiffel d'un Noir Vendeur? Bon, hormis l'attirail de tours miniatures!!
C'est simple, lorsque le Touriste arrive, qu'il soit blanc, black ou vert à petits pois, il lève la tête et pousse une sorte de soupir accompagné d'un plus ou moins vague sourire (certains explosent de joie... allez savoir!). Le Touriste est soit seul, soit en petit comité. Le Vendeur, lui, regarde sans arrêt à droite, à gauche, c'est à se demander s'il a jamais levé les yeux vers l'antenne de cette Dame de Fer. Il se déplace de Touriste en Touriste, il marche vite, relativement à la moyenne des promeneurs, et il regarde toujours partout. Le Vendeur est un animal de bande: ils sont beaucoup, vraiment beaucoup. Ils fuient ensemble, le premier qui repère les meutes de chiens avertissant immédiatement les autres. Ils reviennent aussi ensemble.
Une dernière chose avant de vous laisser à votre questionnement...
Ne trouvez-vous pas étrange que ceux qui comprennent apparemment le mieux les principes de "liberté, égalité, fraternité" soient des étrangers (parlant parfois mal notre langue, et vendant un des symboles de la France les plus connus au monde), et non pas les représentants de "l'ordre"?
Moi, ça m'interpelle.

mardi 2 février 2010

Bip... Dring!... Allô?

J'aime notre civilisation de communication.
J'aime pouvoir appeler les gens que j'aime si facilement, aller chercher les nouvelles sur internet, m'informer presque quand je veux sur ce que je veux. C'est vrai, les facilités de communications ont révolutionné nos vies!
Oui, enfin... elles ont aussi révolutionné notre façon de penser, d'être, de nous comporter...
Par exemple, je me suis retrouvée dans un wagon de métro, ce matin. 11 personnes en vue: 7 femmes, 4 hommes. Sur ces 7 femmes, 5 avaient leur téléphone à la main. Sur ces 4 hommes, 2 avaient le leur de sorti. Ces personnes n'étaient pas forcément seules... la plus grande partie voyageait visiblement en paire. Et elles se parlaient, le téléphone dans la main, regardant régulièrement l'écran de celui-ci. Et sur les personnes seules qui avaient le mobile sorti? Ça avait l'air de jouer, de pianoter... (Je dis ça, mais oui, bien sûr, je le fais parfois...rholala... quand j'y pense...)
Ceci dit, c'est une possibilité hallucinante que de capter absolument partout dans les transports parisiens (sauf sur la ligne C du RER en souterrain... bah oui, forcément, c'est ma ligne!), de pouvoir joindre les gens dans nos trajets, de passer un appel rapide pour prendre des nouvelles. Allô? Oui, c'est Xénia! Je pensais à toi, alors je t'appelle, savoir ce que tu deviens! On se fait une bouffe un soir? Vendredi? Super! Bon bah on s'appelle pour se dire où et quand! Ouai, bises! Ciao! C'est génial, non..? Ne pas manquer un appel important, au cas où.
Le revers de la médaille, c'est qu'on reçoit aussi les appels qui ne sont pas importants, et que l'on prend l'habitude de recevoir des appels n'importe quand surtout! Il y a aussi que les gens prennent l'habitude de pouvoir nous joindre n'importe quand, qui oublient que, peut-être, en pleine journée nous sommes en cours, ou en train de bosser, de réviser, de préparer l'oral de la semaine prochaine... Et qu'on se sent mal (c'est anormal, non?) de ne pas pouvoir répondre!
Qui sera celui qui fera une analyse socio-psychologique ou psycho-sociologique du besoin fondamental d'être en permanence joignable, d'avoir cet espèce de cordon ombilical nous reliant au monde entier, à la Terre dans son ensemble. Jamais seuls, toujours connectés d'une façon ou d'une autre.