dimanche 29 août 2010

Un bus un soir.

Il a la braguette ouverte.
C'est la première chose qui saute aux yeux. Évidemment, je suis assise en face de lui. J'hésite, bien sûr, entre le lui signaler ou non!
Non.
Ce gras monsieur tombe de sommeil et cela lui fait une tête particulièrement ahurie! Penchée sur son épaule droit, il lutte pour rouvrir les yeux toutes les deux secondes. On dirait qu'il va tomber sur sa voisine, une jolie jeune femme, chaque fois que le bus freine. C'est à se demander s'il ne fait pas semblant de s'endormir tellement c'est exagéré.
À côté de lui, son contraire, un maigre échalas, drogué au RedBull.
Il a les yeux grands ouverts (comme s'il avait l'air perpétuellement étonné). Je le soupçonne tout de même d'être sous l'effet de quelque chose d'un peu plus corsé que cette cannette qu'il tient à la main.
Enfin, lui aussi, à sa façon, lutte contre le sommeil!
Monsieur-qui-dort veut sonner l'arrêt, et pour ne pas oublier, je suppose, dort donc désormais avec la main levée vers le fil de sonnette. Excellent. Nous avons un macaque à l'allure perverse dans le bus. Sauf que j'ai d'autant plus peur pour sa voisine, à cause de son bras en équilibre au dessus de son épaule...

lundi 9 août 2010

personne-elle

Elle ne la connait pas.
Non, elle ne l'a jamais vue, elle ne sait pas à quoi elle ressemble.
Pourtant, elle a rêvé d'elle.
Elle était belle. Elle se doit de l'être puisqu'il l'aime.
C'était une grande fête, et elle ne pouvait faire autrement que d'être joyeuse, puisque tout le monde l'était.
Puisqu'ils s'aiment, elle doit être heureuse pour eux.
Mais quand il lui a demandé si elle allait bien avec ce sourire de bonheur profond sur son visage...
Ce murmure fort et puissant, ce cri étouffé venant du coeur: Non, ça ne va pas!
C'est impérieux, ça sourde en elle depuis des jours, mais elle refusait de l'entendre.
Maintenant cela résonne, comme un écho infini, une plainte qui rythme ses pensées.
On dit que cela passe, et cela passera.
Mais dans combien de temps?


jeudi 5 août 2010

ma première laveuse

On dira ce qu'on voudra, mais c'est une sacrée décision ce genre d'achat...
D'abord, on cherche où l'on ira l'acheter. Où sont les meilleurs prix. On demande conseil, on jette un œil aux offres d'occasions. Mais non, on veut du neuf. Ça, au moins, c'est décidé. On a trouvé le magasin qui offre de bonnes occasions : machines neuves qui ont une éraflure ou en fin de stock. Alors un matin on prend sa carte de crédit à deux mains (et son courage accessoirement), et on va au magasin.
On se dit que c'est surtout pour se renseigner. On le précise d'ailleurs au monsieur qui, avec beaucoup de professionnalisme, répondra à toutes les questions qu'on posera (après que l'on ait précisé qu'on n'y connait pas grand-chose) et orientera l'éventail de choix en fonction de nos désirs.
Le téléphone du magasin sonne régulièrement, permettant à ma personne de réfléchir silencieusement, et d'angoisser un peu, il faut le dire...
Pensons-y. Même avec 25 % de rabais, une laveuse (frontale, à l'européenne, cela va de soi) coûte au plus bas 650 $ (ajoutons les taxes!). C'est le prix d'un ordinateur correct aujourd'hui (je sais, j'en ai acheté un ce prix-là il y a 3 jours pour une amie!). C'est aussi le prix d'un billet pas cher pour la France.
Mais les conseils du vendeur, en fonction de la consommation, de la garantie, du bruit (etc.), m'aident à réduire les choix. Bon, il y en a plusieurs qui ont été éliminées d'office : trop chères! Mais parmi les autres, à quelles marques faire confiance? Sur quoi se baser?
Je vois bien que le prix équivaut à un mois de loyer complet. Les taxes vaudront les charges d'électricité et d'eau! Ça fout les boules, non?!
Et qu'est-ce qui me dit que ce mec ne cherche pas à vendre à tout prix? Qu'est-ce qui me dit aussi qu'avec ma chance de fou je ne vais pas tomber sur le seul modèle défectueux de cette série "dont personne ne s'est jamais plaint"!?
Pouvez-vous imaginer combien de repas entre amis je peux organiser pour le prix d'une laveuse? J'ai calculé, avec la moyenne que je dépense par soirée de ce genre (repas et boissons, pour une dizaine de personnes), je pourrais en faire 8 environ (donc 8 mois avec un repas par mois!). Je pourrais aussi financer presque la moitié de mon prochain grand voyage!
Mais il me la faut cette laveuse. C'est la fin de l'errance d'appartement en appartement, alors ça doit aussi être la fin de l'errance de machines à laver.
Je regarde parmi les moins chères des marques connues. Je demande au vendeur la raison de la différence de prix de 50 $ et ses conseils. La réponse semble honnête : le modèle le plus cher est une marque plus connue, européenne, qui inspire plus confiance; le deuxième est une marque internationale qui vend à plus grande échelle. Le conseil est clair : le moteur est garantie 10ans sur la moins chère, et c'est un modèle quasiment entièrement silencieux (moteur à induction donc sans frottements...), le deuxième est plus esthétique (un peu ouais! il est rouge!!), mais plus gros et plus bruyant que l'autre.
Alors je me dis une dernière fois que j'ai besoin d'une laveuse... Sauf que, quand même, j'aimerais bien que Mam' soit là pour confirmer mon choix.
Aller, je suis une grande fille maintenant, non? Je suis capable de choisir seule un ordinateur pour ses composantes, toute seule aussi un billet d'avion pour le prix le plus compétitif, de trouver chaque fois les moyens de transport les moins chers pour certains voyages...
Mais quand il a fallu acheter une lampe pour ma chambre, qu'il a fallu trouver les ampoules qu'il fallait changer dans l'appartement... j'ai mis un temps fou à me décider (lumière bleu ou jaune? Lampe sur pied blanche ou noire? Avec abat-jour ou ampoule apparente?...). Alors vous imaginez qu'une laveuse...
Et puis, une laveuse, on veut de la qualité, on veut qu'elle fonctionne bien, on sait quelles qualités on cherche... Mais on ne voudrait pas qu'au bout de 4 ans elle fonctionne toujours, mais qu'elle nous énerve tellement à cause d'un petit défaut qu'on aurait envie de s'en séparer alors qu'on est "pogné" avec! ... Non mais on dirait que je magasine un homme!


"Je la prends, m'sieur."
Alors on fait le tour de la machine, on regarde les "poques" qu'elle a. Une rayure ici, une marque là. Toutes les petites choses qui font qu'elle est 25 % moins cher, parce qu'elle a mal voyagé.
Tout à coup, on veut que ça aille vite. La décision est prise. Les dés sont jetés; rien ne va plus. Amène la machine à sous pépé : je sors la carte. Livraison dans deux semaines, quand je serai chez moi.

À la sortie du magasin, il n'y a qu'une seule pensée qui m'obsède...
On dit toujours aux filles qu'elles deviennent une femme le jour où elles ont leurs premières règles. C'est faux. Elles deviennent simplement ados, elles quittent le cercle innocent de l'enfance. Le jour où elles font l'amour pour la première fois, elles sont indubitablement plus Femmes. Mais c'est la femme amoureuse et séductrice qu'on devient à ce moment-là. Et il n'y a pas que cette femme-là. Il y a aussi la femme autonome financièrement et mentalement, celle qui envisage le futur, qui calcule et prévoit. L'anti-glamour. C'est cette femme-là qu'on devient (sans effacer l'autre femme!) quand on achète sa première laveuse.



mercredi 4 août 2010

Sale temps

Il fait chaud et horriblement humide.

On ne sait plus comment s'habiller... Trop chaud pour se couvrir, mais si on ne se couvre pas, on a peur d'avoir froid à cause de la pluie!
On sait que le parapluie ne servira à rien. On a bien vu le vent dehors.
S'il pleut en version mousson, de toutes façons, il n'y a pas que la tête qu'on veut protéger!
Mais la simple idée de l'imperméable ou de la cape de pluie suffit à se sentir moite de chaleur. On s'imagine déjà la sensation du tissu plastifié collant à la peau à cause de la pluie qui tombe, et indécollable à cause de la transpiration, inévitable là-dessous par une telle chaleur.
Finalement le parapluie nous arrive quand même plus!
Mais comme le bas sera trempé, il faut trouver des chaussures qui ne craignent rien. Éviter le cuir. Éviter les tennis en tissu qui mettront 10 ans à sécher à cause de l'humidité ambiante...
On aurait envie d'y aller pieds nus.
D'ailleurs, la solution serait d'y aller entièrement nu. Les vêtements dans un sac en plastique pour quand on sera au sec.
Mais aller où, de toutes façons? Qui a envie de sortir par ce temps?
C'est un temps à rester dans son lit (mais, pas sous la couette : il fait trop chaud!). C'est un temps à manger des tartines de Nutella, du chocolat et de la crème glacée. C'est un temps parfait pour la déprime passagère.

Ouais, bon, c'est pas tout ça, mais j'ai rendez-vous en ville... Alors, je m'habille comment? Je mets quoi comme chaussures?
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