vendredi 26 novembre 2010

Touchée

Signes de mains à travers la vitre du métro. Deux grands sourires qui articulent "merci". Quatre yeux qui pétillent. Avec les miens cela fait six. Je leur renvoie un signe de la main.
Un merci chaleureux, sincère et émouvant. Énormément de bonheur pour un geste très simple, c'est toujours ce qui me donne envie de recommencer.
Démesure de la reconnaissance pour une place dans le métro.

mercredi 24 novembre 2010

Annonciation

Lire un bon roman, c'est toujours un plaisir.
Lire un bon auteur, c'est encore plus de plaisir.
Quand l'auteur est drôle, et drôlement philosophe, c'est du bonheur pur.

Alors quand, devant moi, dans le métro, une jeune femme noire portait à l'épaule un "sac-à-citation", baladant ainsi une citation de cet auteur que je lis, j'ai ris. C'était tout ce qui pouvait arriver.
La citation est belle, vraie, et tombe parfaitement au bon moment. Une évidence.
Mais quand une évidence est énoncée d'une belle façon par quelqu'un de bien, alors elle devient un dicton.
Quand un auteur écrit régulièrement de cette façon, sans chichi, sans trop de fioritures, parfois crûment, mais toujours vrai, on peut appeler un tel homme un philosophe.
J'ai eu l'impression en rencontrant cette femme de faire une rencontre littéraire. Mais ce n'était pas le cas. Cet auteur est un homme plein de surprise, même quand on croit sortir de ses livres.
La vraie surprise, elle est arrivée plus tard dans la journée. Page 157 de mon livre.
Elle était là, pour la deuxième fois de la journée. Le contexte, effectivement, n'a pas l'importance de cette phrase qui se détache de tout le reste, qui résonne pour la deuxième fois dans ma tête, avec, cette fois, un écho infini.
J'ai relevé la tête pour voir la jeune femme et son sac. Oubliant que la première scène avait eu lieu au début de la journée, alors que j'étais là sur le chemin du retour...
Elle avait seulement été comme une annonciatrice de ce que j'allais lire et ne plus oublier.

"Le temps va plus quand les gens veulent l'arrêter"
- Dany Laferrière

vendredi 19 novembre 2010

Sage

Les gens sont trop sages ici.
Dans la rue ou dans les transports en commun.
Des hommes, des femmes, des enfants, tout ce qu'il y a de plus normal.

Ils écoutent leur musique, lisent le journal ou un livre...
Une tasse thermos dans les mains, pour le plaisir de boire quelque chose de chaud, ajouté à celui d'être écolo!

Personne ne se bouscule. C'est d'ailleurs ce qui choque la plupart des européens: la ligne ordonnée devant le bus, au bout de laquelle chaque nouvelle personne qui arrive se place. Même quand le bus, ou le métro, fait un arrêt brutal, les gens se confondent en excuses de s'être cognés les uns aux autres. Les métros bondés laissent d'ailleurs la place de lire le journal... et de tomber (et de se faire d'énormes bleus grâce à cela -- le métro parisien a l'avantage d'empêcher toute chute une fois qu'il est vraiment bondé)

Les gens sont TROP civilisés!
Jusqu'aux mecs qui ont typiquement une tête de dragueur, qui à Paris abordent lourdement et sans originalité, qui abordent ici avec délicatesse, ou qui n'osent même pas aborder, qui regardent parfois seulement timidement...


Même les fous sont sages... fous dans leur coin, sans déranger les autres.

vendredi 12 novembre 2010

Exptdr

Quand ils rient, c'est une explosion.
On a beau avoir des écouteurs, être concentrés sur nos travaux ou nos lectures, vouloir vraiment ne faire semblant de rien, ce rire groupé vibre dans tout notre corps, résonne en nous et sur tous les meubles. On peut donc vibrer de rire. C'est la résonance du rire, l'harmonie des Hommes.
On dit qu'une puissante soprano pourrait faire éclater du cristal, si elle entrait en résonance avec. Je pense que les chances sont plus probables que l'humain entre en résonance avec le rire d'autres humains.
La preuve: nous avons tous explosé de rire.
Enfin, d'abord, nous nous sommes regardés. Nous, les autres, qui ne savons pas pourquoi ceux-là rient. Mais à force de nous regarder, étonnés, mais touchés droit au coeur, nous avons ri aussi. Nous sommes entrés en résonance, et notre coeur a explosé.
Le café entier est pris d'un fou rire, plus ou moins intense selon la proximité avec l'épicentre: moi qui suis juste à côté d'eux, j'en ai les larmes aux yeux.
Et notre rire les fait rire. Comme s'ils réalisaient à l'instant que tout le monde les a entendus, mais conservant le privilège de savoir pourquoi ils ont ri au départ, de savoir ce qui a déclenché le tsunami abdominal de la salle.
Bien sûr, nous avons d'abord tous pensé que nous voudrions travailler en paix, qu'ils sont bruyants, quand même. Mais nous avons alors pensé à la bibliothèque à 60 mètres d'ici. La bibliothèque et son silence de plomb. Ce silence qui nous fait lever la tête à chaque pas qui s'approche, l'entendant comme une intrusion dans notre esprit trop au calme. Non, nous savons que nous sommes venus travailler au café parce que nous aimons ce bruit de font de conversations et de musiques en tous genre à la radio.
Alors, nous ne pouvons nous en empêcher, nous gardons une oreille tendue, à l'affût, souriant encore chaque fois qu'un autre rire clair et franc éclate.
Ce doit être un des plus beaux bruits au monde...