mardi 15 février 2011

Quand traverser une rue relève de l'acrobatie...

Il fait doux. Trop doux, oui, beaucoup trop. Tout notre corps respire ce petit printemps. Tout entier, il aspire à ce que les températures ne redescendent plus. Même si la tête le répète: non, tu sais très bien que ça va encore geler, que ça n'est pas fini, qu'il faut encore patienter.
La météo annonce: min. -5°, max. 1°, averses de neige mêlée de pluie.
En effet, il neige dehors. Mais ça tombe trop vite pour que ce soit vraiment de la neige. En y regardant de plus près, ça ressemble à un grêlon en train de fondre. Donc de la neige mêlée de pluie? ou de la pluie mêlée de neige? Là, on ne sait plus trop.
Quand il fait doux, la neige fond. Quand il neige et qu'il fait doux, la neige qui tombe fond aussi. Donc les rues sont couvertes de slush, et les coins de trottoirs deviennent des mares assez peu ragoutantes. Ces jours-là, si vous êtes sortis sans regarder la météo, c'est bien fait pour vous. Que votre manteau ne soit pas très imperméable passe encore: cette drôle de neige se pose, colle, mais ne fond pas tant que ça (sauf si elle s'accumule pendant vos dix minutes de marche et que vous rentrez dans un endroit très chaud, et que vous répétez ceci plusieurs fois). Mais si vous avez eu le malheur, en voyant simplement la neige tomber, de mettre vos bottes chaudes, mais qui ne sont pas très imperméables, ou si vous faites partie de ces irréductibles qui portent des Converses ou des baskets toute l'année... Alors amusez-vous bien!
Parce qu'arrivé à ce gros boulevard où vous devrez traverser, ça devient en effet amusant!
D'abord, il faut éviter de se faire éclabousser par les voitures ou (pire!) par les bus qui passent en se foutant bien des giclures qu'ils provoquent (et soyez heureux si vous n'aviez pas lavé votre manteau juste la veille).
Ensuite, vous hésitez... Est-ce qu'on va traverser par cette énorme mare (en espérant qu'une voiture ne tournera pas par ici au même moment) ou va-t-on passer par le banc de neige sur les côtés, sachant qu'on s'enfoncera dans 40 ou 50 cm de neige sale et humide qui va s'attacher au pantalon et (peut-être) rentrer dans les chaussures... Quand des courageux sont passés par le banc de neige avant, vous vous lancez à leur suite, en marchant bien dans leurs pas qui ont tassé la neige. Sinon, vous vous mettez à évaluer si la mare peut s'enjamber d'un seul bond, ou s'il va falloir inévitablement mettre un pied dedans. Dans les deux cas, vous évaluez à quel endroit il faudrait atterrir. Dans les deux cas, vous vous élancez le plus légèrement possible (et le plus loin possible, dans le premier cas). Et pendant le quart de seconde que vous passez en l'air, vous priez pour ne pas avoir mal évalué le saut. Si vous retombez à un endroit parfait, le soulagement, la fierté vous feront continuer votre route la tête haute. Mais si vous atterrissez à un endroit profond, malgré les traitres apparences, ou si vous n'atterrissez pas assez lestement, la chaussure couverte de slush, le pantalon probablement éclaboussé, un sacre à la bouche, vous repartirez vivement en secouant la jambe, espérant que Ça ne restera pas accroché et que Ça ne laissera pas de trace.
Sauf que Ça laisse toujours une trace...

Vous n'aviez qu'à sauter plus loin!

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