mercredi 14 avril 2010

Cette chaise sous la statue

Elles discutent sûrement toutes les deux.

Il y a tant de chaises, et tant de statues, dans ce parc... Les chaises vivent ensemble, en groupe, elles sont en ligne, en rond, par deux, par trois, en groupes plus grands quand il le faut. Elles se plient au désir des gens qui passent, elles les accueillent, le temps d'une conversation, d'une lecture, d'une pause sur le chemin. Rares sont celles qui se trouvent seules dans un coin, amenées à l'écart par un solitaire. Et lorsque cela leur arrive, elles savent qu'elles retrouveront vite quelque autre, et qu'elles cesseront d'être seules.
Les statues sont nombreuses aussi, pas autant que les chaises, mais c'est parce qu'elles ont été soigneusement choisies. Elles vivent seules. Elles sont placées à un endroit, et les gens se déplacent pour les voir, ou passent devant elles sans leur prêter la moindre attention. Seuls les pigeons, il y a encore un temps, venaient leur tenir compagnie, se posant sur leur tête, mais un système infaillible à été trouvé, parce qu'on a cru que ces oiseaux boiteux des villes les importunaient.

Alors qu'elles partagent le même espace, les chaises se déplacent au gré des désir des baladeurs, alors que ces humanoïdes, ces femmes (car ce sont surtout des femmes) de pierre ou de marbre restent seules, à observer de haut cette foule déambulante.

J'imagine un enfant observant cette femme blanche dans cette chaise, après l'avoir tirée jusque là pour s'installer, les coudes sur les genoux, la tête dans les mains, et, après un "Jérémie!! On ne t'attendra pas plus longtemps!!" , a sauté par dessus les accoudoirs, et a laissé la chaise là, leur permettant d'entamer la conversation.

Cette chaise sous la statue!

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