mercredi 20 janvier 2010

Manteau rouge

J'aime, lorsque j'en ai l'occasion, m'asseoir dans un endroit passant, musique dans les oreilles, regarder les gens... qui passent.
Je compte les manteaux rouges (j'adore les manteaux rouges), je regarde aussi les beaux garçons, et les femmes si bien habillées de Paris. Un manteau rouge. Les gens se pressent pour sortir du métro, comme si l'air qu'on y respirait (deuxième manteau rouge) incitait à presser le pas. Ils n'ont peut-être pas tord... claustrophobie collective?
Il y a de belles jeunes femmes, étudiantes, ou fraîchement diplômées... elles sont si bien habillées. Il faut se faire belles, paraître à l'aise dans la société: moi, je ne suis pas dépendante de la société, c'est elle qui a besoin de moi (2 manteaux rouges d'un coup).
Je vous avoue que ce n'est pas facile d'écrire en regardant les gens passer... je m'arrête pour admirer la grimace de celui-ci, la bouche tordue à force d'être tendue de celle-là... Et quand un bel homme passe (oui, si vous me connaissez, vous connaissez une précision de plus sur ce bel homme), s'il ralentit, l'air intrigué de savoir ce que je fais, je suis bien obligée de m'arrêter pour lui sourire, bien sûr! Ho! un manteau bleu!
Cette masse infinie de manteaux noirs... cortège quasi ininterrompu de costumes sombres... et encore un manteau rouge. J'ai tellement fait une obsession pour les manteaux rouges ces dernières années que j'en ai maintenant, depuis peu, moi-même un. Il n'est pas assez chaud, et de qualité médiocre, qui fait que les coutures ne résistent à rien... mais je porte fièrement mon faux duffle coat rouge! Dans cette masse obscure des presseurs de pas du métro, je me sens pleine de couleurs!
J'aime, dans le métro, voir les gens qui prennent leur temps. On se fait bousculer (manteau rouge) des deux côtés en même temps, les gens râlent (vous avez déjà vu un vieillard littéralement plié en deux? Le poids des ans à l'air d'être si lourd...). Mais surtout: ne pas s'excuser, sourire, et sourire encore. Qu'on ait un manteau noir ou non. Sourire, parce que c'est nous qui détenons la raison, la sagesse: "rien ne sert de courir, il faut partir à point"... ou décider qu'être en retard, ça n'est pas si grave! Je pars souvent (pas toujours) en avance, et je m'assois sur un banc du métro (ho! deux valises rouges tirées par un manteau noir!) pour regarder passer les gens... et leurs manteaux.
Je n'aime pas beaucoup Paris, mais j'aime voir les gens se mélanger, et Paris est privilégiée pour cela.
Depuis que j'ai commencé à écrire, se sont assis à côté de moi: à ma droit, une jeune femme blanche qui rangeait l'intérieur de sa sacoche, puis un homme que je dirais français, bien chargé, puis une vieille femme qui a attendu le métro en préférant s'asseoir, et enfin un jeune homme qui a refait son lacet; à gauche, une dame noire avec sa petite fille sur ses genoux, puis une jeune femme qui a lu un moment, voulant de toute évidence finir son chapitre avant de sortir de ce cocon que représente un bon roman (un autre manteau) (encore un autre). Les noirs, les blancs, les basanés, les asiat'... et puis les mulâtres, les métissés, ceux qui sont mélangés naturellement, qui se mélangent à ceux qui sont obligés de se mélanger aux autres pour emprunter ces verts (et blancs) de terre éléctriques. Foule mélangeante et mélangée de Paris. Un sac rose, suivi de près par un manteau rouge, mais à poids blancs.
Finalement, on en voit pas mal des manteaux rouges. Mais on voit peu de bleus, de verts, d'oranges... Oui, c'est ça, je veux un manteau orange.
Je veux un manteau orange et prendre mon temps pour sortir du métro, sans qu'on me bouscule.
Un autre manteau rouge, le mien, se dirige vers la sortie.

4 commentaires:

  1. Hum, le plaisir de lire celui qui raconte une flânerie, le plaisir d'entendre le ronron de cette musique qui raconte l'enfance, le bruit et les odeurs du souvenir qui se construit, des souvenirs qui reviennent, souvenirs qui s'engrangent et se renouent avec les fils des souvenirs nouveaux ... Plaisirs solitaires en vue d'un partage feutré, délicat et savoureux.

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  2. ... et qui ne coûtent rien... tu te souviens ! l'odeur du pain qui emplit l'air à coté de la boulangerie, le frais du pied qui sort du coin du lit !

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  3. :D bien sûr que je me souviens, ça n'est pas anodin comme titre.. :) l'odeur de l'herbe fraichement coupée, ça reste mon préféré!

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  4. mon tu te souviens n'était pas une question...:):) Je n'ai jamais oublié le titre, moi non plus, ni l'atmosphère que ce petit bout de livre dégageait à sa lecture partagée ! je ne me souvenais plus en revanche de l'herbe fraiche !!!!! bisous

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